Un test, genre, très, très dur. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à Battlefleet Gothic armada, juste après excellent.
Mais le jeu est loin de se limiter à une expérience frustrante basée sur une difficulté aléatoire où le seul rôle du joueur se limite à tenter de limiter la part du hasard dans une stratégie la moins risquée possible, au rythme de jets aux probabilités de plus en plus foireuses. Non, puisque je ne suis pas doué pour les introductions et que je suis déjà plongé dans ce qui fait le coeur du jeu, je vais tenter de vous expliquer ce qui rend unique Battlefleet Gothic Armada.
En fait je vais d’abord décrire rapidement le jeu, quand même. Il s’agit d’un jeu de stratégie je dirais dans la lignée d’un total war, à ceci près que nous sommes au 41e millénaire, et qu’il n’y a que la guerre. L’imperium, morcelé, immense, doit faire face à des menaces toujours plus diverses et grandissantes. Sa puissance s’étiole, et même si son armée compte des dizaines de milliards de soldats, ceux ci sont dispersés aux 4 coins d’une galaxie de plus en plus hostile. Entre les mondes, la Gothic Fleet, premier rempart face aux hordes Xenos (mot charmant rassemblant tout ce qui n’est pas ou plus humain) qui s’acharnent à détruire ce qui reste d’une civilisation entière. Si vous ne connaissez pas l’univers de Warhammer 40K, je vous le conseille d’ailleurs, au travers d’autres jeux, les excellents Dawn of war, qui sont à mon sens ce qui se fait de plus proche sur cet univers en terme de jeu vidéos. L’univers est brutal, sanglant, sans pitié. La technologie est un retour aux armes du début du XXIe siècle, version 41e millénaire, pour un style très rétro et à la fois futuriste steampunk très sympa. Le culte de l’empereur dieu, immortel régnant sur la galaxie, est ce qui maintient l’imperium en fonction. Face à lui, s’alignent les Eldars, une race très ancienne dont les mondes ont été absorbés ou détruits par le chaos, perdus dans le warp, et qui errent aujourd’hui au bord de l’extinction, à travers la galaxie à travers des vaisseaux mondes immenses, vestige d’une civilisation autrefois prospère, à la recherche de leur héritage. Mais les orks, également, ces créatures assoiffées de sang, ont porté la guerre à travers l’espace, et répandent leur fureur à travers la galaxie, menant leur WAAAAGH sur tous les mondes qui croisent leur chemin ! Toutes ces civilisations ne sont cependant pas les menaces les plus dangereuses, car d’autres rodent encore à travers l’univers inexploré, et les dieux noirs du chaos répandent leur culte impie sur tous les mondes qu’ils touchent, amenant la corruption et la pourriture, détournant les soldats de l’empereur dieu de leur devoir sacré. Ceux-ci sont les ennemis les plus dangereux de l’Imperium, ceux qui se sont détournés de la pureté. Autant vous dire qu’il y a du boulot!
La difficulté, donc. Battlefleet est atrocement dur selon les standards actuels, à savoir, pour gagner, il faut connaître le jeu sur le bout des doigts, réfléchir, penser, avoir une tactique rodée, savoir prendre des risques et anticiper. L’intelligence artificielle est juste exceptionnelle, en jouant en facile, il m’est impossible de jouer et parler en même temps, c’est dire. Il faut se concentrer sur la partie pour éviter une défaite cuisante. L’ennemi est très retors, et sait tout à fait jouer ses objectifs. Si vous devez vous approcher d’un vaisseau pour voler des données, devinez quel vaisseau vous aurez le plus de mal à approcher? Et si vous devez protéger des objectifs, attention aux contournements, aux encerclements, aux diversions… L’ennemi va exploiter chaque faiblesse, se glisser partout ou c’est possible. Vous aurez énormément recours au “cogitateur tactique” un système permettant en appuyant sur espace de ralentir le jeu. J’ai passé des parties entières dans ce mode, pour essayer de repérer chaque action de l’ennemi, sans perdre mes troupes. D’ailleurs, par rapport à ça, une chose cependant: Battlefleet compte énormément sur le joueur pour effectuer les actions. Si vous ordonnez à un vaisseau d’attaquer un ennemi, il ne poursuivra pas et se contentera de tirer jusqu’à ce que l’ennemi soit hors de portée. Ce qui fait qu’à chaque instant, toutes les actions de la flotte reposent sur le cerveau fatigué et malade du joueur (au moins dans mon cas). Il faut donc ordonner comme il faut les caps et les attaques pour coordonner ses vaisseaux. Ah oui, sachez de plus que dans tous les modes joués jusqu’à maintenant (je n’ai pas encore fini le jeu, pour des raisons que j’expliquerais plus loin) l’ennemi dispose pour constituer sa flotte de la même réserve de points que vous, et grosso modo des mêmes niveaux de vaisseaux.
Dans Battlefleet, vous pouvez choisir entre différents types de vaisseaux dans la limite des points disponibles, en général 300, et ces vaisseaux vont du cuirassé à l’escorteur, en passant par toute une variété de croiseurs lourds et légers. Donc à vous de choisir la flotte la plus polyvalente, car il est difficile de prévoir ce que va utiliser l’adversaire, et vous devez être capable de répondre à toutes les menaces, et surtout de poursuivre l’objectif. Honnêtement, en 300 points, votre meilleur ami sera quand même l’escorteur, ne le négligez pas, un nombre suffisant de ceux-ci, bien joués, peut retourner une bataille. Je construis souvent ma flotte autour d’un croiseur lourd, avec 3 escorteurs dont 2 à torpilles, un à lance légère de proue (on joue l’Imperium dans la campagne). Chaque partie est donc serrée, même en facile, il n’y a pas de déséquilibre, de vaisseau foncièrement meilleur, rien d’abusé à quoi s’accrocher. Si vous êtes stupide, vous mourrez stupidement. Et dans l’espace, personne ne vous entendra pleurer, vos larmes rejoindront les débris éparses des vaisseaux que l’on vous avait confiés, alors que la menace Xeno s’approche toujours plus de remporter une victoire inéluctable. Ne croyez pas qu’au bout de quelques heures de jeux, après avoir affronté et vaincu des orks, du chaos, des renégats, et vaincu à chaque fois, Battlefleet ne va pas vous projeter devant votre première mission contre les Eldars, où vous allez perdre TOUTE votre flotte (y compris le croiseur lourd niveau 5 qui faisait votre fierté) en quelques secondes, parce que vous n’aurez pas su anticiper. Bon je suis peut être mauvais mais ça fout un coup à la fierté quand même.
Inéluctable, c’est l’impression que Battlefleet me donne, et c’est vraiment magnifique. On a pas l’impression, contrairement à X Com, par exemple, que nos actions vont sauver le monde/l’univers. Comme c’est présenté, on va à l’abattoir en essayant d’en emporter le plus possible avec nous. Quand le jeu commence, l’Imperium tient la totalité du Gothic Sector grâce à la Battlefleet, pas de conquêtes à prévoir. Et à chaque tour, les forces du chaos, des orks, et tutti quanti, vont attaquer vos mondes, et les conquérir, à moins d’en réussir la défense. Vous pourrez déployer vos forces un certain nombre de fois à chaque tour, mais ce ne sera jamais suffisant pour contrer toutes les menaces. Petit à petit, vous perdrez le contrôle du secteur, perdant ainsi les précieux bonus apportés par les mondes tombant aux mains de l’ennemi. Et c’est là toute la force de Battlefleet: Lorsque celui-ci démarre, vous êtes au sommet de votre puissance. Votre flotte est limitée, mais vous contrôlez tous les bonus. Au fur et à mesure de la partie, à l’inverse de beaucoup d’autres jeux, vous perdrez de plus en plus de bonus, rendant vos flottes plus dures à réparer, plus chères, et augmentant ainsi la valeur de vos vaisseaux, qui eux gagnent de l’expérience. Il faudra donc gérer l’attrition en espérant que ça passe, alors que les missions principales prennent souvent le pas sur la défense d’un monde qu’on aurait voulu garder… Ce qui est donc à l’opposé de la plupart des jeux de stratégie, où l’on compense l’augmentation de la puissance du joueur par une augmentation absurde de la difficulté. Ici, les choses se font petit à petit. L’Impérium est mourant, ses ennemis, légion, vous ne pouvez pas gagner cette guerre. Seulement en retarder l’issue. Certes, c’est déprimant dit comme ça, mais cela renforce déjà l’immersion, et rend chaque partie d’autant plus importante. Perdre un vaisseau dans Battlefleet, c’est vite une perte irremplaçable, et vous devrez faire avec ce qui reste. Et le pire dans tout ça? Le jeu est fait pour être joué comme ça! Rater une mission principale ne vous fera pas perdre la partie, mais rendra toutes les suivantes plus difficiles. Et n’espérez pas reconquérir le terrain perdu: Vous n’en avez pas la capacité. Limiter la casse, espérer que ça passe, sera votre nouveau mot d’ordre.
Pour ce qui est du système de jeu, Battlefleet reste classique, mais il y a beaucoup de choses très intéressantes à prendre en compte. En gros, la campagne est en tour par tour, les batailles en temps réel. Vous acquérez de la renommée à la fin de chaque bataille, qu’elle soit perdue ou gagnée, et devez l’utiliser pour améliorer/réparer/acheter les vaisseaux nécessaires à la défense. Les vaisseaux peuvent être upgradés de plusieurs façons différente, soit des capacités activées, soit des modules, soit l’équipage. Ces améliorations coûtent cher mais sont souvent très efficace, et peuvent changer le cours d’une partie. De plus, si leur nombre est réduit, il est quand même impossible de toutes les avoir, et chacune d’entre elle donne une spécialité qui vaut le coup. Par exemple, augmenter de 50% la vitesse des torpilles d’un vaisseau le rendra monstrueux même à longue portée, pour peu que vous fassiez attention à le jouer de la bonne façon. Ces bonus sont tous environs aussi forts, mais vous devez les répartir entre l’armement, la passerelle, la coque, la manoeuvre, et les boucliers. Donc si par chance vous avez un vaisseau de niveau 4 ou 5 je ne vous conseille pas de mettre toutes les améliorations dans un seul domaine: Il sera très vulnérable hors de sa zone de compétence!
N’espérez pas avoir des flottes dantesques sous votre commandement, le jeu ne le permet pas, et surtout, surtout, surtout, faites moi confiance: Gérer plus de 4 ou 5 vaisseaux à la fois est un cauchemar.
Au compte des idées intéressantes, je mettrais l’attitude de combat des vaisseaux, que vous pouvez choisir à chaque partie et qui décidera comment se comportera le vaisseau au contact: Tir de loin, court, bordée, chasse… Des paramètres très importants car au cours de la partie le vaisseau peut être amené à perdre de l’armement et vous devrez faire attention à ne pas lui faire favoriser un coté au dépens de l’autre, si cela divise par deux sa puissance de feu.
Les manœuvres sont beaucoup plus dures que ce qu’il y parait, les vaisseaux ont tendance à glisser dans l’espace, et il est facile si on ne fait pas attention de se manger un collègue en poursuivant un ennemi, ou de démonter l’arrière train du copain devant parce qu’on pensait avoir une fenêtre de lancement pour ses torpilles, et qu’on a pas réussi à le sortir du chemin. Il faut donc bien manœuvrer, et se positionner irréprochablement pour faire le maximum de dommages sans s’en causer soi même. De petits trucs en plus sont très intéressants: Chaque vaisseau de ligne a la possibilité de faire un saut warp, en gros de fuir plus vite que la lumière à n’importe quel moment. Cela peut être utile, car un vaisseau agonisant mais en vie pourra être réparé pour être utilisé dans les parties suivantes, alors qu’un vaisseau détruit sera juste, ben, détruit quoi. Si vous êtes persuadés que vous n’aurez jamais recours à cette technique, sachez que votre équipage pourra y penser pour vous. Si le vaisseau tombe en dessous de 30% de santé, un capitaine faible d’esprit et lâche risque de vouloir fuir le combat. Vous aurez cependant toujours la possibilité de l’exécuter pour son crime de lâcheté avant que le vaisseau ne fuie, et il sera remplacé par son second, provoquant des malus sur le vaisseau pour le reste du combat. Cela dit, ça vaut souvent mieux que de perdre le vaisseau dans le warp. Et puis dans une partie difficile, il est toujours sympa d’avoir le choix d’exécuter le type qui essaye de nous enfoncer encore plus profond.
Bref, un jeu au top, sans parler du fait que son prix est relativement peu élevé comparé à ce qui se fait aujourd’hui. Pour une telle qualité, c’est donné, alors foncez! Et cependant, j’aurais quand même une chose à dire, la raison pour laquelle je n’ai pas pu finir le jeu: Je n’ai jamais pu faire de session de jeu de plus de 3/4 d’heure sans crash. J’ai crashé un nombre de fois assez incroyable et plutôt déprimant, en lançant Battlefleet, en allant dans les menus, en finissant une partie… Il y a vraiment vraiment eu quelque chose au lancement du jeu qui n’a pas plu à mon ordi, qui autrement est plutôt correct quand il s’agit de faire tourner n’importe quoi d’autre… Je n’aime pas mettre des notes aux jeux, mais si j’en avais mis une, elle aurait quand même perdu un point, car c’est frustrant. Autrement le problème est résolu aujourd’hui il semblerait, ce qui fait que le seul défaut qui me faisait rager est maintenant disparu. Alors, foncez sur Battlefleet!