Vu depuis combien de temps ce jeu est sorti et combien d’exemplaires ont été vendus, certains pourraient penser qu’il n’est plus besoin d’en faire une revue. Que nenni! Leur répondrais-je, plein d’assurance et de fougue! Déjà, sorti du cadre des personnes qui jouent de façon régulière à des jeux de société (autre que le uno et le monopoly), ça n’est pas non plus un phénomène de mode, alors, oui, je pense qu’on peut encore le présenter. Mais également, pour qu’il y en ait pour tout le monde, on va aller plus loin que ça.
Bang! Donc! Ce titre qui a ma grande surprise est bien le titre original du jeu, est sorti en France en 2003 sous le nom de Wanted. Je peux comprendre la réticence de l’éditeur Français quant à employer le titre d’origine cependant (cf: Blague ci dessus). Si vous ne connaissez pas, en voici un topo rapide concernant les règles et le fonctionnement de base:
Bang! est un jeu de société de 4 à 7 joueurs, puis de 3 à 8 avec l’extension dodge city, mais qui reste quand même bien plus intéressant entre 5 et 7 joueurs.
Chaque joueur choisit entre 2 personnages lequel il va incarner (un point sur lequel nous reviendrons) et se voit distribuer un rôle (hors la loi, adjoint, renégat ou shérif), qui restera inconnu des autres joueurs, à moins que ce ne soit le shérif.
Le but du jeu? Les hors la loi doivent tuer le shérif, le shérif les hors la loi, le ou les adjoints protègent le shérif, et le renégat doit être le dernier en jeu. La partie se termine soit quand le shérif meurt, soit quand tous les hors la loi et le renégat sont morts. Si le renégat n’est pas le dernier en jeu quand le shérif meurt, ce sont les hors la loi qui gagnent.
Vous suivez? Simple comme bonjour! Tout le jeu va ensuite se jouer avec des cartes, que l’on pioche à chaque tour, chacune ayant des effets spécifiques. (Piocher plus de cartes, voler une carte à quelqu’un, faire perdre un point de vie à quelqu’un, ou encore éviter de perdre un point de vie).
Les joueurs ont droit à un Bang! par tour, sur le personnage situé immédiatement à leur gauche ou à leur droite, à moins de posséder des armes statuant autrement, qui se manifestent sous la forme de cartes à bord bleu. Comme à Magic ou ce genre de jeux de cartes, lorsqu’une carte dit le contraire d’une règle, c’est toujours la carte qui est prise en compte. La stratégie consiste donc soit à éliminer les joueurs entre soi et sa cible, si on n’a pas d’armes permettant de l’attaquer directement (peu recommandé) ou tenter de trouver des cartes permettant d’atteindre son ennemi sans toucher aux autres joueurs. Les cartes sont donc le moteur du jeu, au même titre que le bluff savant orchestré par les joueurs.
Et c’est ici, mesdames et messieurs, que nous touchons au cœur palpitant du jeu. C’est ça qui va faire que ce jeu peut se rejouer indéfiniment, et que chaque partie sera différente.
En effet, les joueurs ignorant quel rôle est attribué aux autres, ils devront d’abord essayer de deviner qui est qui, puis à mesure que les hors la loi se dévoilent en attaquant le shérif, tenter de les aider ou de les éradiquer. La grande inconnue restant le renégat, dont personne ne sait ce qu’il fera avant qu’il ne commence à agir. C’est un peu la cinquième colonne du Bang!, dont personne ne sait de quel coté il est. Souvent, d’ailleurs, même le renégat ne sait pas ce qu’il fera avant de commencer à le faire, car il doit également veiller à ce que les hors la loi ne tuent pas le shérif avant lui. Chaque joueur s’épie donc mutuellement dans la joie et la bonne humeur, au milieu des balles qui fusent et des situations invraisemblables. Celles-ci peuvent tourner tellement au ridicule que même si l’on en est la victime, on ne peut qu’en rire, ce qui est plutôt cool.
Au final, chaque partie sera plutôt courte la plupart du temps, ce qui permet de les enchaîner, et pleine de rebondissements hilarants. Mais l’intérêt du jeu à mon sens se situe plus loin que ça.
Dans Wanted, on ne se contente pas de jouer aux cartes, c’est à dire de les piocher puis de les jouer en essayant d’atteindre un schéma optimal. Non, dans Wanted, on doit faire attention à ce que l’on dit, et à ce que disent les autres. Car il est vite fait de trahir le rôle que l’on joue. Et tout est là: Wanted est autant un jeu de rôle qu’un jeu de société, et c’est ce qui à mon sens explique son succès, avec sa mécanique innovante bien sur. Vous pouvez avoir le “meilleur” personnage et les “meilleures” cartes, si vous dévoilez clairement votre but par des manœuvres peu subtiles, vous risquez une défaite cuisante!
Dans Wanted, vous devez incarner un personnage, fut-il Paul Regret! Les noms sont souvent inspirés des westerns spaghettis, ce qui n’est pas étonnant vu l’origine du jeu, et cela renforce l’immersion dans l’univers où les dynamites, les balles et les bières volent dans tous les sens. Ainsi, à la dimension sociétale du jeu s’ajoute une profondeur théâtrale, que l’on peut marquer plus ou moins bien sûr, et qui n’est citée nulle part dans les règles. Le fait est que le jeu en donne la possibilité! Les noms sont donc là pour permettre de s’identifier aux personnages tout en restant en décalage, pour permettre d’en rire. Tour à tour le shérif de la vallée Paul Ramirez, puis hors la loi sans foi ni loi Slab le flingueur, et pourquoi pas à la partie d’après Slab le flingueur, shérif repenti? Il n’appartient qu’à vous d’en décider. Si vous n’avez jamais joué à un jeu de rôle, mais joué à Wanted, félicitations! Vous avez déjà fait du jeu de rôle! Comment vous sentez vous?
A mon sens, Wanted tient une place particulière dans la grande famille des jeux de société, de par le fait qu’il empiète également sur le créneau des jeux de rôle, comme une sorte d’introduction à leur système de fonctionnement et à l’aspect théâtral. Si vous ne l’avez pas essayé, je vous le conseille vivement, du moment que vous trouvez assez de joyeux drilles pour s’amuser avec vous!
Mais faites attention, à vouloir enchaîner les parties, on se retrouve à jouer à ça tout un dimanche, c’est déjà arrivé (et je vous donne la version soft)
A mon avis, ce jeu est à découvrir sans attendre si vous ne le connaissez pas!
Bon jeu à tous!
(Wanted! – Asmodee Editions)