J’ai malheureusement passé une trop grande partie de ma jeunesse sur des STR. Les STR, c’est les jeux où tu commences une partie tranquille en début de soirée, tu construis une petite base tranquille, quelques unités de reconnaissance, quelques petits soldats à peine armés, et la ressource vient à manquer. Alors tu dois allez chercher de la ressource, des épices par exemple, ou du minerai ou un putain de cristal quelconque. Mais là où tu souhaites exploiter l’élément qui te manque se trouve en général un constructeur ennemi qui recherche la même chose que toi. Ou alors, pendant que tu construis le bâtiment qui te permettra de choper la ressource, une douce voix, en général féminine, car je suppose que les joueurs de STR sont en général masculin, t’annonce que ta petite base subit une attaque. Une petite attaque, mais une attaque. Tu te sens donc obligé d’aller voir, d’envoyer tes petits soldats en réaction, de construire quelques tourelles, mais il te faut plus de ressource pour cela. Alors tu construis des unités, qui vont découvrir plus de territoire, et qui protègeront tes bâtiments, et tu construits encore, et tu envoies tes unités, et tu subis des attaques, et la voix féminine te dis quand tes constructions sont prêtes, quand tes unités se font attaquer, quand tu manques de ressources. Tu stresses de plus en plus car il faut aller vite, plus vite que l’IA qui est en face, ton taux d’adrénaline est à un niveau élevé, et constant. Quand tu as construit une armée suffisante, ou que tu estimes suffisante, tu lances une attaque massive en direction de la base ennemie. Si ça échoue, ton armée ne revient pas, tes tanks ont explosés, tes soldats gisent, tes avions ont laissé dans le ciel une traînée de fumée. Et si ça réussit, tu gagnes. Un petit panneau affiche Victoire ! La voix féminine te dit bravo. Tu relèves la tête et il est une heure du matin.
Dune, Command and Conquer, Total annihilation m’ont pris mes plus belles années. Et puis ça m’a passé, parce que ces jeux finissent par tous se ressembler. Le dernier qui m’a plu, c’est R.U.S.E. d’Eugen Systems, particulièrement parce qu’il a une gestion de la portée et du champ de vision de chaque unité qui apporte un vrai supplément de stratégie.
Act of aggression est développé par le même Eugen Systems. C’est pourquoi quand notre rédac’ chef m’a proposé le test, j’ai dit “OK, c’est payé combien ?”. Quand il m’a dit la somme, je n’ai pas pu refuser évidemment. Au premier abord, j’ai été déçu. J’ai vraiment eu l’impression de revoir Command and Conquer : Generals, les mêmes unités, les soldats qui se cachent dans les maisons, les mêmes hélicoptères, les mêmes vidéos d’intro, les mêmes trois factions, la même bombe nucléaire à la fin, le même jeu quoi, aucune surprise.
Mais, j’ai une conscience professionnelle, et je suis un journaliste qui n’a pas peur de pousser ses investigations, j’ai donc persévéré. J’ai presque fini la campagne Chimera, j’ai fait une partie Skirmish contre l’IA la plus facile, que j’ai perdue, j’ai même fait une partie avec le rédac’ chef, à deux contre une seule IA niveau very easy, que j’ai gagnée (je pourrais dire qu’on a gagnée, mais… je ne le dis pas). Je peux donc maintenant donner un avis éclairé, ce jeu est aussi bien que C&C, pas mieux, mais aussi bien que dans mon souvenir, et c’est déjà très bien.
Pour commencer, il faut construire des raffineries, qui permettent d’exploiter les gisements de ressources. Pour trouver les gisements, il faut utiliser un véhicule de reconnaissance, qui est le seul disponible dans le QG de base, et le seul à voir les gisements qui sont souterrains. Faîtes-en deux ou trois au début pour explorer. C’est important de savoir où sont les ressources. Il y a trois types de ressources, le pétrole (jaune), l’aluminium (bleu) et les terres rares (rouge). Les deux premières ressources sont utiles dès le début du jeu, les terres rares ne sont nécessaires qu’après, quand vous voudrez construire des unités plus évoluées.
Les unités peuvent être améliorées, les tourelles aussi, mais les tourelles il faut les améliorer une par une. Il faut toujours veiller à avoir un flux de ressources suffisant pour ne pas être bloqués dans ses constructions, et le consommer suffisamment pour ne pas avoir à stocker l’aluminium et pour avancer rapidement. Les raffineries se tarissent assez vite, il va donc falloir construire des outposts pour déplacer les zones de construction vers des endroits prometteurs en ressources, et les défendre.
Petit conseil, il y a des banques (points jaunes sur la carte), il faut les occuper avec de l’infanterie, d’une part parce que ce sont de bons points de défense, et ensuite parce que l’occupation d’une banque génère des ressources. Plus vous mettez de gars dans la banque, plus ça vous rapporte. Personnellement, le concept me paraît un peu loufoque et pas très cohérent avec le reste du jeu, mais bon, ça rapporte alors faut le faire.
Et enfin, dernier conseil, quand vous détruisez une unité, vous pouvez ensuite capturer le pilote, ce qui vous donne un peu de ressource, et vous pouvez construire une prison, ce qui vous rapportera encore des ressources pour chaque prisonnier capturé.
Le jeu est un poil futuriste, ce qui évite de rejouer encore la guerre d’Irak et les gentils GI contre les saloperies de terroristes. Si je cherchais la petite bête, je reprocherais des bâtiments qui se ressemblent trop et qu’on distingue mal les uns des autres. On tâtonne un peu pour fabriquer des unités.
En conclusion, je conseille vivement ce jeu aux amateurs du genre, quand aux jeunes qui chercheraient un chouette STR pour découvrir, je leur dis sortez, lâchez un peu votre souris, faîtes des études, allez vous promener et soyez gentils avec vos parents.