KNIGHT
Le jeu de rôle
Aujourd’hui je vous parle de Knight, le jeu de rôle co-écrit par Coline Pignat et Simon Gabillaud que j’ai eu la chance de rencontrer au Festival du jeu de Cannes 2024.
KNIGHT
Knight qu’est-ce que c’est ?
Knight est un jeu de rôle dont la trame se déroule dans un futur proche (2037) en pleine apocalypse. Ici, on ne parlera pas de jeu postapocalyptique, car l’apocalypse est en train d’avoir lieu ! Les ténèbres se sont incarnées sur Terre et sont appelées par l’humanité : L’anathème. Personne n’en connaît la source ni le pourquoi de sa présence, mais toujours est-il qu’ils sont là et qu’il va falloir survivre !
Face à l’émergence du chaos, le monde à du évoluer très rapidement. Dans ce futur d’anticipation, les nanotechnologies et la domotique sont bien en avance sur notre temporalité. Et c’est grâce à cette technologie qu’un ingénieur réputé va réussir à prouver à de riches investisseurs qu’une de ses inventions va changer la face de la guerre contre l’anathème. La méta-armure ! Dublin, perdu depuis des mois est libéré en moins d’une journée par un homme équipé de l’une de ses méta-armure. A lui seul il incarne l’espoir de reconquérir la Terre, de mettre fin à l’anathème. Son nom sera vite oublié pour son nom de Baptêmes : Arthur.
Si Arthur est le fer de lance de l’espoir de l’humanité, son créateur en devient alors l’esprit, prenant le nom de Merlin.
Le mythe Arthurien renait et un riche investisseur soutenant Merlin créer l’organisation de Knight, dernier rempart de l’Humanité face à l’apocalypse.
Dans un communiqué international, 22 personnes annoncent au monde un espoir de survie dans ce qui s’appelle les arches. Des dômes de protection face à l’anathème. Une partie de ces hommes et femmes se suicident en direct sur les différents canaux de communication avant de reprendre forme comme si de rien n’était devant un public médusé.
Ils affirment haut et fort qu’ils ont trouvé le secret de l’immortalité et qu’ils sont le futur de l’Humanité.
L’arche de Londres baptisé « Humanité » va plus loin en annonçant la création du KNIGHT, une organisation recherchant des héros compatibles avec leur technologie pour qu’à l’image d’Arthur et Merlin l’Humanité puisse s’armer face à l’anathème.
Dans Knight, vous incarnez l’un de ces héros.
Survivre ou se battre ?
Dans Knight, vous incarnez des personnes qui ont décidé de combattre activement l’apocalypse en rejoignant le groupe du Knight. Cette organisation se veut être la lumière dans les ténèbres. Cependant, elle est financée par l’arche de Londres et les intrigues politiques auront aussi leur place, car les valeurs du Knight ne seront peut-être pas toujours en adéquation avec Humanité. En effet, pour être citoyen de l’arche, il faut troquer sa liberté et travailler pour l’arche avec un système de caste régie par un rang de citoyen et une surveillance constante.
Les chevaliers du Knight se concentrent sur la sécurité de l’arche, mais aussi du monde et devrons composer avec les autres forces en présence, parfois alliés, parfois antagonistes.
Le Knight avec sa technologie avancée va être confronté à différentes formes d’abomination.
La terre n’a pas subi l’influence de l’apocalypse de la même façon dans chaque partie du monde. De fait, le Knight sera découpé en section avec leur spécialité propre : déplacement, espionnage, reconnaissance des créatures de l’anathème, éradication, sauvetage le tout supervisé par un membre du Knight ayant fait ses preuves : Un chevalier de la table ronde.
Ces Chevaliers d’exception, au nombre de 10 pour le moment, sont adoubés du nom d’un des membres de la mythologie arthurienne pour inspirer l’espoir. Le Knight prend très au sérieux l’aspect communication dans son approche du sauvetage de l’humanité, les symboles sont nécessaires pour inspirer les Hommes et l’art semble avoir un pouvoir sur l’anathème. Les artistes et œuvres d’art sont donc activement recherchées et protégées.
L’univers de Knight dépeint aussi précisément les créatures que les joueurs vont devoir côtoyer et l’intelligence du jeu est d’ancrer la présence de ses catégories de créature jusque dans les caractéristiques du jeu. Ainsi, la forme sert le fond.
Les États-Unis sont dominés par la Machine, une forme de l’apocalypse qui utilise Internet et la technologie pour se rependre et dévaster le monde, l’Afrique elle est envahie par les terres glacées de la Dame, créature inhumaine d’une beauté renversante avec un regard empli de sagesse, mais toujours muettes ; le Masque se repend de façon éparse à travers le monde dans des brumes aussi spontanées qu’imprévisibles. La Bête appelle aux instincts les plus sombres des animaux pour en faire des prédateurs ultimes en Europe et enfin ; la Chair se développe au cœur de la Chine pour amalgamer les êtres vivants et en faire une armée de tendons, d’os et de muscles carnassier.
Chacune de ces manifestations d’apocalypse prend forme sur la fiche du personnage du joueur.
SYSTÈME COMBO et ASPECT.
Le système de Knight et un système de construction de personnages (character building). Il est à la fois simple et complet. Pour les joueurs ayant envie de jouer immédiatement, le système de création de personnage peut être rapide avec un tirage de carte de tarot qui intègre une part d’aléatoire. Pour les joueurs voulant davantage d’optimisation, il est possible de choisir soit même ses cartes. Dans les deux cas, le personnage aura le même nombre de points à répartir.
Les caractéristiques sont associées à des aspects, eux-mêmes sont associés aux créatures de l’anathème. On retrouvera donc 5 aspects : Chair, Bête, Machine, Dame et Masque. Chaque aspect possède 3 caractéristiques, par exemple, la chair représente la constitution, la force et la beauté du personnage, en bref son aspect corporel. On retrouva donc les caractéristiques de Force, d’endurance et déplacement.
Le jeu n’utilise pas de compétence, mais le système combo qui consiste à associer deux caractéristiques pour réaliser une action. C’est un système entre simulation et narration très ingénieux.
Le maître du jeu (quand c’est possible) indique une première caractéristique obligatoire et une seconde au choix du joueur. Par exemple, si le joueur veut tirer avec son fusil sur un adversaire, il peut le faire de différentes façons. La première caractéristique (imposée) sera le TIR. La seconde caractéristique sera au choix du joueur. Soit il pourra utiliser le sang-froid en expliquant comment, grâce à son entraînement, le personnage vise de façon méticuleuse, ou au contraire l’instinct pour expliquer que le personnage tir vite sans réfléchir, ou encore la dextérité en expliquant qu’il vise un endroit particulier.
De fait, le système récompense la narration. Et si le joueur insiste pour utiliser une caractéristique inappropriée, le maître du jeu (après avoir expliqué au joueur pourquoi ça ne fonctionne pas) peut soit augmenter la difficulté soit faire automatiquement échouer l’action. Au contraire une utilisation ingénieuse couplé à un description intéressante peut amener le maître du jeu à baiser la difficulté initialement proposée.
Chaque point dans une caractéristique est un D6 (dès à 6 faces) et les résultats pairs comptent comme une réussite alors que le résultat impair ne compte pas de réussite. Il faut atteindre une difficulté pour réussir une action, c’est aussi simple que ça.
Pour revenir à notre exemple de combo, un soin pourra par exemple être réalisé sous SAVOIR (obligatoire) puis DEXTÉRITÉ ou SANS FROID ou AURA. Dans un premier cas, on parle d’un soin réalisé avec précision (chirurgie) dans un second avec du temps et du calme et dans un dernier temps avec en plus un accompagnement psychologique (paroles réconfortantes). La difficulté peut varier d’une explication à l’autre, mais globalement cela reste fluide et narratif.
LES MÉTA-ARMURE
Dans Knight, il n’y a pas vraiment de classe de personnage, mais il y a les méta-armures. Celles-ci ont un historique très intéressant avec une génération de construction qui permet de déterminer si c’est davantage, un mécha blindé ou une combinaison de décuplement des sens (un char ou la combinaison d’Iron Man). L’aspect polyvalent fait de Kinght sa force, car deux même méta-armures peuvent être complétement différentes en fonction des accessoires (ou module et overdrive) équipés sur l’amure. Ainsi un Ranger (plutôt à l’aise au combat à distance) pourra quand même être un expert au corps-à-corps ou un meneur d’Hommes ou encore un assassin furtif. Une armure n’enferme donc pas dans un rôle un joueur. Ceci étant les joueurs qui aiment la customisation et l’optimisation pourront au contraire accentuer les forces de certaines armures pour créer des machines de guerre ultra spécialisées.
Les méta-armures sont au nombre de 17 ce qui laisse un panel des possibles très large. Elles sont aussi construites sur leur symbolique. Ce qui permet de comprendre rapidement leur fonction.
La Warrior sera par exemple très polyvalente en combat, la Priest sera utilisée comme support pour soigner ou créer des objets, la Warmaster pour guider le groupe dans des opérations tactique offrant aux alliés des bonus allant jusqu’à des actions supplémentaires, la Paladin sera une tourelle accompagnée d’un bouclier, la Rogue une armure furtive au service de l’espionnage et de l’assassinat, etc.
TROP PUISSANT ?
Ce qui saute aux yeux initialement dans Knight, c’est la puissance du monde. Les monstres semblent avoir gagné, mais en réalité, on se rendra compte que les chevaliers disposent d’une puissance de frappe bien supérieure et de moyens technologiques exceptionnels. On peut alors se dire que le jeu est trop facile, qu’on joue des « super-héros ». Mais en réalité ce qui est, à mon sens, intéressant d’un point de vue narratif, ce sont les dilemmes.
Prenons un exemple, vous avez scanné les visages des survivants terrés dans un tunnel souterrain et vous savez immédiatement lequel ne devrait pas être là, vous savez qu’il y a donc des monstres changeurs de formes parmi la population. Les créatures ne sont pas idiotes, si les joueurs commencent à diviser la population en deux catégories elles vont commencer à prendre des otages. Et si avec leur armure les joueurs ne sont pas en danger que penser des civils innocents qui eux, n’ont pas d’amure ! Il va donc falloir beaucoup de role play (incarner son personnage en jouant son rôle) et d’ingéniosité pour la jouer fine. Car une grenade pourrait venir à bout de ce beau monde, mais faisans des victimes innocentes, même si oui, vous et les autres chevaliers ne seront pas beaucoup endommagé, mais rappelez-vous membre du Knight, vous incarnez l’espoir !
Le jeu vous dit donc ceci (à mon sens), vous êtes une machine impossible à tuer, mais le monde autour de vous est proche de sa fin, comment aller vous faire, avec tous ces moyens pour le sauver en protégeant un maximum de gens. Comment incarner l’espoir ?
VERDICT
J’aime beaucoup. J’ai commencé à faire jouer le jeu et mes joueurs comme moi-même sommes séduits par l’univers des possibles. Le jeu est très accessible. L’univers n’est pas trop éloigné du notre et il faut saluer le travail fait par l’éditeur. Il y a énormément de contenu gratuit, un site internet très bien fait (Que je vous glisse ici : https://knight-jdr.fr/ ). Des rappels de règles partout.
Vraiment, je découvre cette pépite sur le tard et je ne peux que vous le recommander. J’ai commencé l’aventure en lisant le Romans Morning Star Origines de Marie-Christine Codarini et plus j’avançais dans la lecture plus j’avais envie de me plonger dans la découverte du jeu de rôle.
Je recommande cet univers. Venez, rejoignez le Knight !
À titre informatif, Knight vient de livrer avec succès son financement participatif outre Atlantique ! Félicitations ! À quand des adaptations en jeux vidéo et séries ?