Pouh pouh pouh pouh pouh !!! On revient du FIJ 2023 !
Et oui encore une fois nous avons eu la chance de vivre ce Festival Internationnal des Jeux de Cannes qui fonctionne sur moi comme une bulle de champagne quand elle atterri dans la flûte.
Une plongée de quatre jours dans un bain de jeux, de rencontres, de découvertes. Les festivals c’est sans doute surtout cela : se donner entièrement à sa passion en compagnie de tout un tas de gens qui veulent faire pareil !
Alors point de tergiversations, comment que c’était cette année ?
Le festival
Tout d’abord un mot sur le festival lui-même. Nous avons retrouvé à la fois l’essentiel de ce qui fait sa réussite mais aussi quelques évolutions notables. Le FIJ ça reste ces dizaines d’allées habillées d’un tapis bleu dans lesquelles les éditeurs retrouvent pour la plupart leur même place et dans lesquels chacun déambule, s’arrête, patiente, se perd… Faisant le FIJ pour la 3ème fois, je m’y retrouve mieux malgré une géométrie du palais des festival très singulière. Tout est dans le repère de l’allée centrale !!!
Des allées qui respirent le jeudi pour la journée pro mais parfois plus fournies le reste du festival. Encore que les jauges ont été mieux maitrisées cette année malgré les quelques frustrations que cela a occasionnée.
Effectivement, une évolution importante fût la création d’annexes à l’extérieur du Palais ce qui a à la fois permis une meilleure dispersion des visiteurs mais qui demande un casse-tête de gestion lorsque la pluie arrive. Et oui, cette année ce fût pour moi soleil au carnaval de Dunkerque, et pluie à Cannes (le dimanche seulement, faut pas déconner).
Nous avons surtout retrouvé cette ambiance si précieuse propre au monde du jeux de société : du plaisir simple, un esprit de jeu sans prise au sérieux, des auteurs/éditeurs/illustrateurs accessibles, dans le plaisir du partage. C’est un constat fait par tous et que nous souhaitons tellement voir préserver.
A ce titre, l’ambiance de la cérémonie des trophées de l’AS d’Or a parfaitement retranscrit cet état d’esprit. Au sujet de la tentation d’adopter à l’avenir des codes propres aux cérémonies habituelles, je vote clairement sur le fait de cultiver cette différence ce qui ne me semble pas du tout en contradiction avec une ouverture à de nouveaux publics.
La palais des festival donne une couleur spécifique à cet évènement, dans une enceinte qui permet l’accueil de dizaine de milliers de personnes pouvant jouer dans une acoustique propice au regard de cette jauge.
Personnellement, j’adore voire les différents petits groupes qui se sont formés pour venir jouer au festival. Des amis de jeux, mais aussi toutes ces familles dans lesquelles parents et enfants partagent cette passion commune.
Avec l’équipe de Gameovert, nous n’avons pas pu profiter de toutes les nouveautés, tiraillés que nous étions entre : « je veux jouer mais une partie me prendra du temps », « je ne termine pas la partie mais ai-je vraiment été au bout de la sensation que procure le jeu », « je veux entendre plein de pitchs de jeux mais j’aurais moins de temps pour jouer », « je veux participer aux conférences mais bordel le temps passe », « je m’autorise à fait un one-shot JDR mais WTF y a encore toutes allées que je n’ai pas poncées ».
Faire des choix donc et accepter de ne pas être exhaustif, ce qui de toute façon est pure utopie au regard de la densité et du rythme de production actuel dans le monde du jeu.
Le FIJ c’est aussi les pépites annoncées et celles qui se font sur le festival même. Des jeux qui buzz et qui donnent des files d’attentes permanentes devant leur table (dès 9h à l’ouverture : mais d’où viennent ces gens #%!=* !!!). Cette année, on citera à la volée Earth, After Us, Voyageur des Tigres du Sud, Rauha, mais aussi les succès déjà en cours tels les nommées As d’or ou autre : Heat, East India Companies…
Les As d’or
Petit mot sur la remise des As d’Or 2023. Une séléction de nommés qui nous est apparue dans l’ensemble de bonne qualité et sans grandes surprises, hormis selon moi un petit accident que je nommerai « That’s not a game » sans trop m’étaler sur le sujet…
J’aurais tendance à dire que les vraies nouveautés se situent dans la catégorie initiés, avec des vrais paris loin d’être gagnés à l’avance mais qui resteront je pense dans les esprits : Turing machine et Alice is missing.
Je reste comme l’an passé une nouvelle fois un peu déçu par la catégorie reine, celle du « tout public » qui me laisse avec un grand étonnement que l’année n’ai pas produit d’autres jeux à primer. Bravo tout de même à Akropolis qui de toute évidence à conquis son public.
Mais sans nul doute que le jeu de cette année qui restera le plus dans l’histoire, une fois n’est pas coutume le jeu gagnant de la catégorie expert, à savoir Ark Nova.
L’évolution du jeu de société
Le Fij est peut-être l’occasion d’avoir une sorte de photo globale du monde du jeu de société. A un observateur un peu lointain comme je le suis, j’aurais tendance à souligner l’évidence que ce secteur se situe à une sorte d’âge d’or. Le jeu de société est aujourd’hui partout et pour prendre l’exemple de la ville de Lyon où j’habite, on ne compte plus le nombre d’ouvertures de boutiques et plus encore de bar à jeux qui se sont ouverts les quatre ou cinq dernières années. Il en va de même pour la production dont le rythme est infernal.
Sans doute cela demande aux joueurs excités que nous sommes de faire attention à ce que la profusion, la fièvre acheteuse, le kickstartisme, et l’empilement d’étagères Kallax ne l’emporte pas sur le simple plaisir du jeu, mais il ne faut pas non plus bouder notre plaisir.
Sur ce Fij, je ne peux que constater que la barre est haute aujourd’hui en terme de qualité moyenne des jeux, avec peut être une prime encore plus grande au soin porté à l’édition et au matériel, bien que les mécaniques sont également très travaillées.
Sur ce dernier aspect, peut être assistons nous aujourd’hui à davantage de jeux qui proposent des recombinaisons de mécaniques déjà connues plutôt qu’à de véritables innovations rendues sans doutes plus rares.
Tournesol l’original
A présent je peux vous parler de ma propre déambulation au sein des allées bleues. Cette année j’avais plutôt bien préparé le Fij en amont en allant me renseigner sur les nouveautés qui allaient être présentées chez les éditeurs principaux, ce afin de faire ma petite liste de jeux à tester. Je ne n’avais pourtant pas forcément de grosses attentes spécifiques. Je ne suis pas encore très renseigné sur les projets alternatifs que l’on retrouve notamment sur les campagnes de financements participatifs type kickstarter. Donc pour trouver des pépites, je laisse ma chance me guider au travers des allées du festival à l’aide de mon fidèle pendule.
Une de mes premières bonnes surprises du début de festival ce fût de constater la présence de Rose Noire édition sur le Fij. J’avais découvert peu de temps auparavant leur futur projet à venir : le Transperceneige, jeu tiré de la BD à succès qui a ensuite donné un film et une série. Et le jeu était justement disponible sur leur stand. J’ai pu m’inscrire pour une partie dès le lendemain qui plus est avec l’auteur lui-même. Petit article à venir sur le sujet et première petite pépite comme je les aime du fait d’un jeu à la fois original, qui nous fait plonger dans un univers spécifique à la fois par la mécanique et par le soin donné aux illustrations, tout cela découlant de la passion d’un auteur.
C’est aussi lors de cette première journée que je n’ai pu résisté à la tentation d’aller voir mon auteur préféré à savoir Thomas Planète, créateur du fabulissime Turbulences que j’avais découvert à ce même endroit lors de mon premier Fij en 2020 (cf Article).
J’ai pu faire une partie avec lui de son nouveau prototype : Toutes voiles dehors. Mais là encore, je vous laisse dans le suspens de l’article à venir. Ce fût en tout cas un très chouette moment de partage puisque Thomas débriefe chacune des parties avec les joueurs pour constamment recevoir des retours et peaufiner les arbitrages. C’est toujours passionnant d’entendre les rouages de la création d’un jeu, fait d’aller-retours entre mécanique, thème et matériel !
Malgré un jeudi que toute l’équipe souhaite consacrer à tester des jeux, il est difficile de ne pas céder à l’envie de faire un premier tour d’ensemble des stands. Ce fût lors d’un de ces premiers runs que j’ai pu tombé sur Ice. Là c’est pareil, le seul visuel vous oblige à vous arrêter. Je vous laisse imaginer un plateau de jeu à 5 couches de tuiles hexagonales qui représente un sol gelé que des guildes vont explorer en creusant la glace ! Là encore, l’immersion est quasi immédiate et le travail d’édition magistral. Le jeu se veut abordable dans sa difficulté (du 12+) ce qui me correspond tout à fait tant je privilégie l’expérience de jeu sur sa complexité. J’apprends en échangeant que la première campagne kickstarter a commencé en 2021 et que de prochaines versions seront proposées dans les mois qui viennent.
Le Fij c’est aussi quelque frustrations quand on veut tester certains jeux qui sont un peu trop en vue. Earth bien sur qui fût l’un des plus gros buzz de cette édition, mais aussi le cas de Heat, qu’à mon grand regret je n’ai toujours pas testé et qui me fait sacrément de l’oeil tant il m’a l’air tout pile dans mon créneau (promis j’ai vu le jeu de mot après l’avoir fait).
Autre sensation sur le second jour : Fog Of love. Là encore on tape dans de l’original à tout point de vue. De quoi désarçonner bon nombre de joueurs surtout par le thème mais aussi par l’expérience elle-même. En gros, un jeu à deux joueurs qui vont incarner les deux membres d’un couple, depuis le début de leur rencontre et tout au fil de leur aventure amoureuse, au travers des choix quotidiens qu’ils auront à faire selon la personnalité de chacun. Le but est de parvenir à ce que leur chemin leur permette tout à la fois de construire un destin commun tout en étant en cohérence avec leurs individualités. Là encore, un bel article à venir dès que je l’aurais tout à fait testé, car ce fût mon premier achat sur le festival !
Enfin, à la volée, trois autres jeux m’ont fait de l’oeil sans tout à fait avoir pu les tester :
- La bête : tiré de celle du gévaudan, il s’agit d’un jeu asymétrique à un contre tous. Une forme de Scotland Yard pour ceux qui connaissent, où les enquêteurs tenteront de traquer et coincer la bête sur le plateau-carte, en découvrant sa véritable identité. La bête quant à elle, doit réussir à faire 25 victimes parmi les villages qu’elles traversent.
- Catan, l’aube de l’humanité : une nouvelle version d’un des jeux les plus célébres et des plus initiatiques de l’ère moderne des jeux de société. Ici le plateau est bien plus grand car les peuples seront cette fois ci nomades. L’implantation des colonies continueront de décider des ressources qu’ils obtiendront mais ils devront régulièrement les défaire pour les reconstruire au travers de leur périple. Il m’a semblé que cette édition proposait un vrai renouvellement !
- Gadianton : là encore c’est le matériel qui m’a attiré mais ma déception fût grande lorsque j’ai appris que dans ce jeu, où chaque joueurs doit subtiliser un trésor au centre du plateau à l’aide deux personnages (un voleur et un soldat), les éléments en relief du plateau sont livrés blancs et donc à peindre. Donc avis aux peintres de figurines pour ce jeu certes enfantin (du 8+) mais donc les ressorts me semblent terriblement fun !
Je m’achemine vers la fin de ces quelques retours de ce FIJ 2023 avec d’autres temps forts.
Le premier fût l’une des conférence données par le Fij auxquelles tout visiteur peut se rendre.
J’ai été particulièrement intéressée par celle sur le narrative design qui venait traitée de la façon dont les auteurs s’y prennent pour insérer de la narration dans les jeux. Ce fût très stimulant d’entendre les intervenants évoquer à la fois la façon dont tout jeu de société tente d’habiller la mécanique d’une thématique avec plus ou moins de réussite et de profondeur, mais bien sur en évoquant les jeux qu’on qualifiera véritablement de « narratifs » tels par exemple les jeux d’enquête. Etant moi même de plus en plus à la recherche de jeux de société qui me plonge dans une histoire qui n’est pas seulement un habillage, il fût très intéressant d’entendre parler des auteurs et des scénaristes avec notamment les questions d’aller-retours lors de la création du jeu entre la mécanique et le récit.
Sachez qu’une grande partie de ces conférences, dont celle-ci, sont disponibles sur la chaine youtube d’un Monde de Jeux.
Enfin, je termine avec les moments dédicaces. C’est avec une boite de Carnegie et une boite de Cartaventura dédicacées que je repars de Cannes. Si je parlerais davantage de Carnegie sur un article dédié, j’ai été particulièrement ravi de croiser par hasard le stand de dédicace du dernier opus de la série Cartaventura : Hollywood. Série dont je suis particulièrement fan (je les ai tous !). Il y avait d’ailleurs une petite exposition consacrée à la fabrication de ces jeux.
J’ai donc eu droit à un petit dessin de l’illustrateur qui intervient sur chaque épisode de la série, ainsi qu’un petit mot humoristique des deux scénaristes embauchés sur cette édition spécifique.
Au passage, Cartaventura c’est une série de petits jeux de cartes illustrées qui fabriquent progressivement un territoire en les connectant, et qui nous propose des choix à la manière des livres dont vous êtes le héros. Chaque jeu est basé à la fois sur un vrai personnage ayant existé et dont la vie est souvent lié à un périple à travers le monde, mais également sur un endroit du monde et une époque différente à chaque fois. IL y a cinq fins différentes pour chaque édition. Le jeu se distingue par l’immersion immédiate, la beauté des illustrations et le caractère historique très travaillé. Des petites boites si peu chères qu’il n’y a plus vraiment de raison de ne pas les collectionner !
Voilà en gros pour les quelques perles glanées tout eu long de ce FIJ 2023 durant lequel le temps passe bien trop vite. Au point que je commence à me demander si je ne vais pas laisser trainer mon pendule sur d’autres festoches au cours de l’année !
A très vite en tous les cas pour les articles qui viendront zoomer sur certains jeux !