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Un moment avec : Olivier Sanfilippo Partie 1

par Dupond

Bonjour à toutes et à tous. Après Bruno Cathala et Vincent Dutrait, nous vous proposons un retour sur l’entretien que l’équipe de Gameovert.net a pu faire avec l’auteur, illustrateur, cartographe et bien plus encore Olivier Sanfilippo. Dans cette première partie nous évoquerons ses débuts dans le monde de l’illustration, son parcours, son style et ses projets. Nous avons réalisé cette interview lors du FIJ le 23 février 2024, nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à lire cet entretien que nous avons eu à le faire 🙂

 

Bonjour Olivier, déjà au nom de l’équipe un grand merci de prendre ce temps pour discuter avec nous autour de ton travail et de tes projets. 

GameOvert.net (GO) : Je refais une petite présentation et tu me dis si je me trompe, ok ?

Olivier Sanfilippo (OS) : OK c’est parti

GO : Tu as 43 ans

OS : Pas encore, au mois de mai

GO : Né à menton

OS : Oui

GO : Bac général

OS : Aussi, j’ai fait ensuite un an de prépa aux beaux-arts à la Villa Thiole de Nice et 1 an à Monaco. Ça a été une catastrophe à tous les niveaux. La première année de prépa était très intéressante, mais la seconde à Monaco fut franchement une catastrophe. Avec une partie des professeurs très peu investis. Et puis sur un autre registre c’était une prépa beaux-arts un peu généraliste avec un discours très (pour ne pas dire uniquement) art contemporain et pas du tout arts appliqués. Il y avait des cours qui étaient sympas mais moi ce qui m’intéressait au départ c’était de faire de la BD. Faire de la BD c’était un peu une sorte de grand fantasme parce que même quand tu ne fais que de l’illustration, c’est un métier à part même si tu ne fais pas de scénario. Tout ça pour dire que même si t’es illustrateur, le monde de la Bande Dessinée ce n’est pas inné. J’ai eu pas mal de sollicitations de personnes qui m’ont dit « viens faire une BD » mais je leur ai dit que je ne savais pas faire, c’est un truc particulier et puis après, c’est le courage. Passez 1 an, 1an et demi à dessiner et plancher sur un album, c’est un taf que finalement je ne me sentais pas de réaliser. Quand tu es dans l’univers de l’empire des cerisiers par exemple tu es dans le même univers mais les thèmes et les sujets peuvent vraiment varier. Il n’y a pas un script, un storyboard, un scénario à suivre. Là tu dois dessiner encore et encore le même personnage et moi au bout d’un moment je suis vite fatigué ou lassé, ce n’est pas pour moi. J’adore hein, mais faudrait que j’arrive à me discipliner, ce n’est pas un manque d’envie. Je suis d’ailleurs un grand consommateur de Bandes dessinées, mais ce n’est pas le même boulot.

Du coup j’ai fait un an à Monaco et j’ai arrêté parce que ça s’est mal passé sur des problèmes un peu structurels à l’époque. Mais j’avais une super prof (désolé je ne me rappelle pas son nom) qui travaillait beaucoup aussi au niveau sciences dans l’art, le son… Et moi j’avais un peu ce concept au niveau des études que si tu repars à zéro c’est un échec, un peu comme l’image que l’on a du redoublement (alors que c’est complètement faux qu’on soit clair. Elle m’a dit que même si je changeais de cursus, les années que j’avais fait n’étaient pas perdues et que si tu changes de voie ce n’est pas un échec mais un enrichissement au contraire. Et elle m’a convaincue, encouragé, et je suis parti en histoire.

GO : Oui d’ailleurs j’allais y venir, tu as un doctorat en histoire

OS : Oui, alors c’est un peu plus complexe que ça. En fait j’ai le niveau doctorat. J’ai fini ma thèse, je l’ai déposée mais j’ai eu des problèmes de santé et je ne l’ai jamais soutenue. C’était une thèse sur le personnage de François Carron, et à travers ce personnage j’ai travaillé sur les échanges entre l’Europe et l’Asie, et notamment le Japon, au XVIIème siècle.

C’est ma passion pour le Japon qui m’a poussé à m’orienter vers ce sujet-là. Sachant que ma passion du Japon est arrivée aussi en partie à cause du jeu de rôle. J’étais consommateur d’anime, club Dorothée et tout, mais je n’étais pas non plus un fan absolu de la culture pop japonaise, je regardais ce qu’on avait en France. Pareil pour les mangas, j’en lisais un petit peu mais ce n’était pas non plus à fond.

 

 

GO : Niveau travail, tu bosses de chez toi ou tu as un bureau ?

OS : De chez moi

GO : Et du coup plus sur la partie technique, comment travailles-tu, papier, numérique ?

OS : Je travaille sur les 2. De moins en moins, je fais du tout numérique, c’est-à-dire que j’ai au moins ma base de crayonné-encré traditionnel. Et je ne peux pas m’en passer, c’est du plaisir physique. Et le rendu n’est pas le même, même en cartographie. Du coup y’a ce côté perfection dans l’imperfection qui est super plaisant. Je ne me considère absolument pas comme un bon « technicien », je fais à mon niveau, je suis un créatif, je me fais plaisir en créant et en donnant vie à mes projets, en disant ce que j’ai à dire aussi. En fait j’ai besoin de ce rapport physique avec le papier… Et puis j’aime bien bosser calqué sur les horaires de mon fils, c’est à dire que j’aime bien le matin prendre le temps de l’emmener au collège même s’il pourrait y aller tout seul. C’est mon petit rituel et du coup ça me permet de sortir, je vais prendre un petit café et je ne me donne pas d’heure pour rentrer. Par contre j’emmène toujours du matos avec moi quand je sors. Du coup je travaille de là-bas, j’ai mes habitudes et tout et c’est top.

GO : On voulait aussi te poser des questions sur ton style. On avait eu Vincent Dutrait en interview qui avait considéré son style comme un style vieux-jeune, oldschool/moderne… et toi, comment définirais-tu ton style ?

OS : Déjà j’adore ce que fait Vincent, y’a une patte géniale qui se dégage, un peu old school mais carrément maitrisé !

Pour ce qui est de mon style, c’est une bonne question, je n’y avais pas pensé.

GO : De ce qu’on a vu de tes productions y’a vraiment un travail au niveau des couleurs pastels avec quelque chose de très éthéré…

OS : Alors oui effectivement y’a beaucoup de choses assez brumeuses mais colorées, avec beaucoup de contrastes. Avec des couleurs très saturées, j’aime beaucoup travailler aussi la lumière, du coup je décrirai mon style plutôt comme atmosphérique. Y’a des boulots que j’aime bien, qui sont plus techniques ou tu dois représenter des trucs mais je cherche surtout à amener une ambiance, même dans un personnage, dans le look… Et après il y’a plein d’éléments que je mets dedans avec des détails et qui ont un intérêt. J’aime aussi beaucoup le décor. Je dirais que je suis inconstant dans le style, tu verras, dans mon travail, y’a des encres de chines tradi, puis y’a des trucs au traits purs… Je marche à l’envie graphique et d’expression du moment. D’être un peu plus plasticien parce que je ne suis pas un bon technicien, en tout cas je ne me considère pas en tant que tel. En tout cas c’est plus sur le ressenti de l’illustration qui fait passer les défauts. Je suis plus créatif, j’ai des outils différents (pinceau, tablette graphique…) j’utilise des textures aussi différentes pour donner du relief. Ou inclure quelques fois un petit clin d’œil avec une vieille estampe libre de droit… Donc voilà j’ai une approche beaucoup plus plastique de mon boulot. En tout cas c’est ce que j’ai l’impression là à chaud de ressortir de mon style.

 

 

GO : Tu es auteur et illustrateur de jeu de rôle (entre autres), comment as-tu commencé le jeu de rôle ? Est-ce que c’était quand tu étais en historie ?

OS : Alors non j’ai commencé à jouer au jeu de rôle à l’âge de 10ans et demi, j’ai découvert ça en colonie de vacances. Y’avait un animateur qui était rôliste et du coup il avait pris un petit groupe de gamins avec qui ça se passait bien et il nous a fait découvrir le jeu de rôle. Alors je connaissais déjà les livres dont vous êtes le héros, et on jouait à des jeux du genre Heroquest. Je n’avais pas une grosse culture de la fantasy à l’époque, j’avais plus une culture BD je me rappelle je kiffais une vielle BD qui s’appelait Valérian et Laureline, qui était à mon père. J’ai lâché après un peu le jeu de rôle au profit des livres dont vous êtes le héros et je ne m’y suis remis qu’au collège. Je vivais dans un petit village et on faisait tous les jeux qui étaient à mi-chemin entre le Grandeur Nature et du jeu pour enfant donc mon imaginaire a débuté ici.

Je suis parti en histoire et je jouais à L5R (Legends of the 5 Rings, en français la légende des cinq anneaux) que j’ai découvert à la sortie française de la première édition en 97-98. Je l’ai acheté et pour moi c’était assez hermétique. Je m’y suis mis, et en parallèle j’aimais bien l’univers de fantasy très carton-pâte, très occidentalisé de L5R à l’époque. Et du coup ça m’a poussé comme d’autres à m’intéresser à la culture et à l’histoire japonaise. Et c’est en m’intéressant principalement à la culture traditionnelle/historique japonaise que j’ai commencé à décrypter, comprendre certaines choses. Certains mangas étaient un peu cryptiques, les comportements tout ça, c’est un peu too much, y’a des codes que je n’avais pas, et donc en découvrant la culture japonaise par un autre biais c’est là que j’ai commencé à kiffer. Du coup c’est par l’histoire et la culture traditionnelle japonaise que je suis arrivé à la culture pop, et pas l’inverse.

GO : Du coup premier amour de jeu de rôle c’était L5R ?

OS : Là encore pas tout à fait dans le sens où c’est le premier jeu que j’ai vraiment maitrisé en campagne. Ça fait partie des premiers jeux pour lesquels j’ai acheté une gamme (même si mon premier jeu acheté complet c’était cyberpunk, j’avais 14 ans) avec Cthulhu, puis Kult jusqu’à ce que mes parents tombent dessus. Ils étaient tombés sur des backgrounds de personnages que j’écrivais et ma mère qui n’y comprenais rien disait « ça y est mon fils est fou, il va être interné » (édit : à l’époque, suite à une émission de Mireille Dumas, les joueurs de jeu de rôle ont été pointé du doigt comme des satanistes, des personnes ne faisant plus la part entre fiction et réalité et pouvant induire des troubles mentaux…) et du coup mon livre a disparu (rire). Après je suis rentré en club et c’est d’ailleurs là-bas que j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme et qui était animatrice dans le club. C’est devenu ma meilleure amie et puis mon épouse. J’ai fait ma culture jeu de rôle à cette époque-là, et en fait c’est en jouant à L5R que j’ai eu ce gout pour tout ce qui tournait autour du Japon. J’ai également beaucoup joué à un autre jeu de rôle mais seulement comme joueur avec ma future femme qui maitrisait et c’était les secrets de la 7ème mer. Ça m’a poussé à m’intéresser à la période de l’Ancien Régime, la Renaissance et tout et donc j’ai fait un master en époque moderne. Après j’ai eu le choix de soit travailler sur les cités italiennes à la renaissance, soit un thème lié au japon et à l’Asie. Et c’est marrant parce que du coup c’est le jeu de rôle qui a conditionné certains choix de thématiques.

GO : Pour ce qui est de tes premiers pas dans le domaine du jeu de rôle, de l’illustration en tant que « professionnel » comment cela s’est passé ?

OS : En fait quand j’ai fini les beaux-arts, j’ai tout lâché. Je n’ai plus toucher un crayon pendant 6 mois. Puis j’ai repris comme ça en autodidacte. Je me suis inscrit vers 2003 sur les forums de jeu de rôle français, notamment sur la cour D’Oberon qui était tenu par Jean Phillipe Jaworski (auteur de romans de fantasy et des jeux de rôle (Tiers âge et Te Deum pour un massacre)) et son épouse Hikaki. Et ensuite sur d’autres forums et notamment celui sur L5R qui est la Voix de Rokugan et j’ai commencé mes armes en tant qu’amateur avec des petits suppléments là-dessus.

En fait j’ai commencé un peu comme ça, avec les Webzines, et les Fanzines de jeu ou de littérature. Et petit à petit je me suis retrouvé à illustrer mon premier jeu de rôle.

GO : Est-ce que c’est toi qui as démarché ou on est venu te voir ?

OS : Alors je suis rentrée dans le collectif Forgesonges, qui a donné ensuite naissance aux Ombres d’Esteren, et j’ai commencé à bosser là-dedans dans un collectif associatif mais à visée d’éditer des petits jeux (dont les Ombres d’Esteren qui est devenu un gros jeu). Du coup avec le studio Agate, je suis devenu membre du comité de direction du collectif avec lequel j’ai commencé à faire plusieurs salons. J’ai aussi commencé mon premier boulot perso édité avec Anthéas, l’archipel des cimes de Denis Pouchain (qui prépare d’ailleurs après 15 ans la réédition) et qui a été produit par Icare Editions. J’ai bossé là-dessus avec en parallèle mon travail sur les ombres d’Esteren, et ensuite j’ai continué à faire des petites illustrations par ci par là.

GO : Sous la bannière Forgesonges ou en « auto-entrepreneur » ?

OS : Non, non vraiment de mon propre chef. J’ai également travaillé avec les XII singes […], et d’autres expériences avec un éditeur qui s’est moins bien passé (pour être sympa). Mais du coup toutes ces aventures forgent l’expérience. Je bossais à côté, car j’étais en plein doctorat, je bossais en tant que chercheur. C’était beaucoup de travail mais pas encore mon travail à plein temps en tout cas. Et après j’ai commencé à plus bosser, notamment avec les Ombres d’Esteren qui sont sortis en 2010 et qui a été un gros carton. Et à partir de là j’ai commencé à collaborer sur plein d’autres jeux

GO : En illustrateur invité ?

OS : Plutôt en Freelance. Pour les Ombres d’Esteren on était un collectif d’auteurs, d’illustrateurs et dès la création du jeu on a tous bossé ensemble. Au tout début on était 3 illustrateurs (Yvan Villeneuve, Rémi Le Capon alias Remton, et moi) et on a commencé comme cela. Et après y’a d’autres illustrateurs qui sont venus se greffer, puis de mon côté je suis parti pour bosser sur d’autres gammes avec le studio Agate et après j’ai arrêté parce que l’occasion ne s’est plus présenté.  En parallèle je bossais aussi avec de nombreux autres éditeurs.

 

Carte de l’Umbra pour le jeu Loup Garou l’Apocalypse

 

GO : J’ai pu voir aussi que tu avais bossé sur le Livre des 5 Anneaux (L5R) ?

OS : Alors oui et de 2 manières : j’ai d’abord créé un supplément qui s’appelle Sunda Mizu Mura en bossant en bénévole amateur mais comme si on faisait une publication pro. Ensuite y’a eu aussi les parchemins de Rokugan, mais c’était plus des concours de recueils de scénarios qu’on a aussi illustré. C’était de l’associatif et on a vendu ça à prix coutant, sans bénéfice, avec les accords de EDGE et AEG. La voix de Rokugan était reconnu, en accord avec Edge, comme La communauté française de L5R. Donc j’avais fait Sunda Mizu Mura qui est un petit supplément amateur que j’avais fait jouer dans ma campagne. Puis j’ai commencé à développer tout ça avec Aldo (membre de la Voix de Rokugan) et auteur notamment sur Gods… et qui fait partie de mes premiers relecteurs sur l’Empire des Cerisiers. Et il a écrit des scénars pour l’Empire des Cerisiers. Mais pour en revenir à SMM, je lui ai donné ce que j’avais écrit et développé pour avoir son avis et on a continué à développer tout cela ensemble pour en faire un « petit » supplément de 340 pages en 3 livrets. On a demandé l’autorisation à Edge et AEG. Ils étaient ok mais seulement si c’était en lien avec la dernière édition en date. Donc on avait commencé l’écriture de ce supplément en 2ème édition et on a fini en 4ème édition alors il a fallu tout remettre à niveau pour les stats. AEG a relu tout cela et a permis de le reconnaitre canon par rapport à la gamme donc ce fût une petite fierté personnelle. Il est sorti par les mêmes canaux de distribution habituels que les livres de base, en même temps que les ouvrages officiels. On a eu de très bons retours et ça a été sold out en 2 semaines (premier tirage) et en 2h en précommande pour le second tirage. Il est toujours en téléchargement pdf gratuit d’ailleurs sur le site la voix de Rokugan. 

Ensuite j’ai travaillé sur un jeu de plateau L5R pour AEG. Malheureusement au moment où ils envoient le jeu en production, la licence est rachetée par FFG (Fantasy Flight Games) qui a annulé le projet. C’est dommage parce que j’avais fait un très gros boulot de cartographie en débugguant les cartes des 4 éditions pour créer une carte la plus juste possible, avec un gros travail d’archive sur chacune des éditions.

 

 

 

GO : Tout cela, c’était en parallèle de ton doctorat ? Et si oui est ce que ça t’a aidé dans ce travail de recensement et d’archives ?

OS : Alors non c’était après, j’ai arrêté mon doctorat en 2012. Et oui par contre ça m’a bien aidé, j’avais ce gout de la recherche qui m’a beaucoup plu même si je n’étais pas très fan du système universitaire. La recherche en tant que telle, je n’ai pas pu m’arrêter. Je continue comme si je faisais de la recherche avec L’Empire des Cerisiers notamment avec la documentation, je continue en permanence à ingurgiter, analyser, lire des inspirations. Il y a toute la documentation dans L’Empire des Cerisiers mais aussi tout la bibliographie que je ne publie pas car ce sont beaucoup d’articles de recherche scientifiques, ce n’est pas ludique même si moi j’y trouve mon bonheur. Mais pour le public je pense que ça n’a pas trop d’intérêt vis-à-vis du jdr, ou dans tous les cas ça ferait une énorme bibliographie pas nécessairement ludique à rajouter dans les ouvrages.

GO : Alors justement, je ne sais pas si c’est une de tes spécialités mais en tout cas c’est un truc que tu as beaucoup développé, c’est la cartographie… tu as même eu un prix pour les Ombres d’Esteren aux Ennies Awards en 2016 pour la carte de Tri Kazel… c’est venu naturellement ?

OS : Alors oui c’est devenu une de mes spécialités mais ce n’était pas du tout prévu. Depuis tout petit, les cartes ça m’a toujours fasciné, j’ai toujours adoré ça. Ça m’a toujours fait voyager. Par exemple même les atlas Michelin de chez mon grand-père je regardais ça, les significations des petites icones… Le trip carte au trésor, découvertes, ça a toujours stimulé mon imaginaire à fond. Mais je ne me suis jamais dit que je serais cartographe, même au début. Par exemple sur les ombres d’Esteren je faisais de l’illustration et j’ai commencé à faire des cartographies parce que j’en avais fait un peu pour les XII singes (pour Alkemy RPG) et du coup on m’a demandé si je pouvais faire les cartes. J’ai eu un peu peur ensuite qu’on me dise de ne faire que ça après, parce que je voulais continuer à faire de l’illustration… Et puis ça s’est développé quelques années après comme un métier à part entière. Avant c’était les illustrateurs qui faisaient tout cela. Et en fait je commence par cette série de cartes et après un peu plus et je me suis pris au jeu. Donc fatalement on m’a demandé d’en faire plus et notamment sur la cartographie de Tri Kazel qui m’a pris 1 an et demi. L’une des cartes originales fait 2m10 sur 2m pour infos. Et 2 semaines après les prix, j’ai Jeff Richards de Chaosium qui me demande si j’ai envie de travailler sur la nouvelle édition de RuneQuest, donc un gros projet. Et après ça s’est enchainé et on a commencé à me demander des cartes partout !

Au niveau professionnel, ça m’a fait exploser le carnet de commandes et d’adresses et à partir de ce moment-là j’ai toujours été en flux tendu jusqu’à encore maintenant en termes de travail.

GO : Est-ce que tu en vis maintenant du coup ?

OS : Oui tout à fait, j’en vis. Alors maintenant j’arrive aussi à faire des choix, que ce soit d’organisation familiale ou des choix créatifs, c’est-à-dire que je me rends compte que la création c’est ce qui me stimule le plus et que le pur boulot de commande ne m’excite plus du tout. Même avec contrepartie ou pour un gros nom. Maintenant je bosse plus sur mes créa perso avec des petites incursions quand le projet me plait ou quand les personnes me plaisent surtout. J’ai la chance maintenant de pouvoir choisir avec qui je travaille et sur quel projet mais surtout de pouvoir me concentrer sur mes projets.

GO : En parlant de tes projets actuels j’en ai noté quelques-uns, notamment Batman chronicles

OS : Alors oui, j’ai bien travaillé sur Batman mais j’ai arrêté parce qu’en fait y a eu un ensemble d’évènements qui n’est pas du fait de Monolith mais le problème c’est qu’avec la Warner en termes de validation c’est très compliqué. Normalement j’avais bloqué 6 mois pour travailler sur la carte de Gotham, et ça a pris retard sur retard donc après 1 an et demi je me suis retrouvé avec trop de boulot à côté pour pouvoir continuer. Fred Henry (patron de Monolith) a été top, il a tout fait pour me garder sur le projet mais ce n’était plus possible vis-à-vis de mon planning. Mais normalement on devrait pouvoir faire un truc ensemble plus tard, je ne peux pas trop en dire plus mais c’est prévu en tout cas.

A l’heure d’aujourd‘hui je fais quelques incursions littéraires notamment avec Maxime Chattam (sur le livre Le Signal) mais je n’ai pas fait de démarchage pour ce coup-ci, c’est lui qui m’a appelé. Je le connaissais de nom et de réputation, j’avais vu ses vidéos parce qu’il en fait pas mal sur le jeu de rôle. C’est une personnalité littéraire mais aussi dans notre milieu, c’est un rôliste pur et dur, un vrai de vrai, ce n’est pas quelqu’un qui s’y met pour la mode. Lui c’est un fan et consommateur de jeu de rôle et du coup un jour il m’a contacté. Je ne m’y attendais tellement pas qu’au début j’ai cru que c’était un homonyme ou quelqu’un qui se foutait de ma gueule. Et c’est ma femme qui m’a dit que je devrais répondre comme si c’était vraiment Maxime Chattam, donc j’ai dit oui quand même et c’était bien lui. Pour moi c’était fou, et c’est quelqu’un de génial. On s’est rencontré quelques fois en vrai, notamment sur des festivals et on s’est eu plusieurs fois au téléphone. Il est vraiment comme on le voit dans ses vidéos, il ne se cache pas, ne créer pas de personnage, il est très avenant, très cool, très disponible. Y’a pas de faux-semblant du coup c’était top et je me suis fait plaisir.

Carte pour le livre Le Signal de Maxime Chattam

 

Voilà pour cette première partie, j’espère qu’elle vous aura plus. On se retrouve très vite pour la deuxième et dernière partie consacrée cette fois-ci ) l’Empire des Cerisiers et son avis sur l’arrivée des IA dans le monde de l’illustration et du jeu. 

A très bientôt

L’équipe Gameovert.net

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