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L’empire des Cerisiers

par Yue
Le jeu de rôle

L’Empire des Cerisiers

Le livre de règles

L’Empire des Cerisiers : Plongée dans un Japon Mythique et Mystérieux
Auteur : Olivier Sanfilippo

Introduction
Sorti en 2020, L’Empire des Cerisiers est un jeu de rôle unique en son genre, qui nous transporte dans un univers inspiré du Japon médiéval, teinté de mythologie et de folklore. Ce jeu de rôle, créé par Olivier Sanfilippo auteur et illustrateur talentueux, est édité par Arkhane Asylum Publishing.

Dans L’Empire des Cerisiers, vous découvrirez un monde où samouraïs, divinités et esprits sont aussi réels que les montagnes et les rivières, où le destin des personnages se tisse dans une société imprégnée de traditions et de codes d’honneur.

Univers : Un Japon Rêvé
Le cadre de jeu se situe dans un Japon fantasmé, nommé L’Empire des Cerisiers, un lieu mystique où se côtoient des humains, des créatures surnaturelles, et des kami (esprits). Ici, les traditions et le respect des ancêtres et des divinités jouent un rôle central dans la vie quotidienne.

L’histoire s’articule autour d’un Empereur immortel, dont l’existence dépasse la mémoire des hommes. Ses filles, dotées d’une longévité exceptionnelle, règnent sur l’Empire au sein du Kuge, une cour élitiste, déconnectée des réalités. Ses décisions, souvent mal avisées, impactent durement la population.

Les Daimyos, véritables seigneurs de guerre, assurent l’administration des terres, soutenus par leurs samouraïs, tandis qu’au bas de l’échelle, le peuple endure ces jeux de pouvoir, aspirant à une vie meilleure.

L’Empire est constitué de diverses provinces, chacune ayant son propre folklore, ses créatures légendaires et ses coutumes. Les montagnes abritent des ermites et des esprits de la forêt, les lacs cachent des créatures envoûtantes, et des clans puissants luttent pour l’influence.

Le livre de base est très dense d’informations et se présente sur 320 pages en couleurs dans un format à l’Italienne (format horizontal). Chaque région de l’empire est détaillée avec ses enjeux, ses protagonistes, mais est surtout illustrée par un excellent travail de cartographie qui permet de donner corps au monde.

L’équilibre entre nature, spiritualité et civilisations humaines constitue la toile de fond de l’histoire, et il est rare de traverser ce monde sans rencontrer quelque Yōkai (esprit ou créature surnaturelle qu’on peut appeler parfois Mononoke) ou kami aux intentions mystérieuses.


Ce cadre de jeu propose une approche accessible pour les joueurs et un socle narratif riche pour le maître du jeu.

Entre surnaturel fascinant et un système sociétal complexe. Cet univers offre une expérience unique et immersive.
Chapeau bas à l’auteur pour ces descriptions très précises des populations et de leur mode de vie. Que ce soit l’habillement, les coutumes ou la nourriture, tout est décrit avec une grande minutie, accentuant encore l’immersion.

Un important travail sociologique, géographique (voire historique bien que fantasmé) a été réalisé pour enrichir le contenu de l’ouvrage. Ces informations précieuses constituent une aide majeure pour le maître du jeu. On sent la formation universitaire et la passion de l’auteur et ça fait plaisir !

La richesse et la densité des informations peuvent s’avérer intimidantes au premier abord surtout pour des maîtres de jeu débutant. L’empire des Cerisiers à cette force des jeux colossaux comme Le Seigneur des Anneaux, Lex Occultum, The Witcher ou encore Star Wars. Plonger dans son univers réaliste, marqué par une histoire connue de nombreux spécialistes peut être angoissant : la peur de proposer une version perçue comme incomplète ou inexacte par rapport à ces références peut freiner de prime abord.


Il faudra donc faire preuve d’indulgence envers le maître du jeu. Heureusement, bien que L’Empire des Cerisiers soit inspiré du Japon, sa géographie est entièrement imaginaire. Cela rend l’appropriation de ce monde plus simple, offrant un terreau fertile pour de belles aventures. Le maître du jeu peut choisir d’orienter ses parties vers des récits poétiques et fantastiques, ou au contraire vers des intrigues plus pragmatiques opposant percepteur d’impôts et villageois au bord de la famine dans un univers moins magique, proche de la low fantasy (sans présence surnaturel, ou en tout cas moindre).
Pour ma part, je préfère m’inscrire dans l’état d’esprit de l’auteur (si je l’ai bien compris) et conserver ce côté fantastique qui fait tout le charme de l’univers.

Un système de Jeu au service de la Narration

Le système de jeu de L’Empire des Cerisiers repose sur des jets de 2d6 (deux dès à six faces), auxquels les joueurs ajoutent des modificateurs basés sur les champs (profession/métier/vocation/fonction) et spécialités de leurs personnages. Ce système simple est pensé pour favoriser une narration fluide et dynamique. Bref, un système épuré et rapide à prendre en main.

Les seuils de difficulté permettent de déterminer si une action est réussie ou échoue, avec des degrés de réussite ou d’échec, qui ajoutent des couches de nuances dans les résultats :

•  8 à 11 : Facile
• 12 à 15 : Compliqué
• 16 à 19 : Difficile
• 20 à 23 : Héroïque
• 24 à 27 : Surhumain
• 28 et + : Chimérique

Ce système encourage la créativité des joueurs et du maître de jeu, en permettant de transformer chaque réussite ou échec en une opportunité narrative. Les jets de dés apportent des rebondissements et des développements qui enrichissent l’histoire, rappelant les ambiances des légendes japonaises où les événements prennent souvent une tournure inattendue. 

Personnages et champs : Entre Tradition et Mysticisme
Les personnages dans L’Empire des Cerisiers peuvent incarner divers rôles : des métiers, chacun offrant une façon particulière de vivre dans ce monde, qu’on appellera des champs :
Par exemple le champ des Samouraïs permettra d’incarner des guerriers honorables et stratèges, ils suivent un code d’honneur strict et font preuve de loyauté envers leurs maîtres. On supposera alors que le Samouraï connaît les lois, le maniement de ses armes, l’équitation peut être et le codes d’honneur de sa profession (le Bushido) etc.
Le champ des Onmyōji : ces Prêtres exorcistes et spécialistes des arts mystiques, communiquent avec les esprits et peuvent invoquer des kamis pour les aider.
Et on pourra imaginer bien d’autres champs : Shinobi, Yojimbo, Courtisan, Cuisinier, Artisan, Acrobate, voleur, et bien d’autres.

En fait, les champs sont à discuter entre le maître du jeu et les joueurs.

Enfin, chaque champ possède des spécialisations. Par exemple, un Shinobi pourra être spécialisé en discrétion, en acrobatie, en poison, en déguisement, en natation, etc. Il faudra donc ajouter le champ + la spécialisation et 2d6 au jet de dés pour battre le seuil de difficulté. On pourra aussi voir ces résultats influencés par des atouts et des handicaps, mais aussi des pouvoirs et des voies.

Trop de liberté tue la liberté ?
Ayant déjà joué à des jeux comme Hex (c’est un jeu narratif qui se déroule à l’époque Victorienne, les joueurs choisissent une profession ou un hobby et c’est celui-ci qui détermine ce que le personnage sait faire ou connait), où le joueur est libre de choisir ses spécialisations ou l’application de ces domaines de spécialisation, j’étais un peu inquiet à la lecture du chapitre de création de personnage. Fort heureusement, le livre regorge de modèles pour créer ces personnages et, bien que la création soit libre, elle reste néanmoins cadrée. Ouf !

Concernant la magie (ou plutôt les techniques), j’émets un peu plus de réserve, car ayant déjà joué au jeu Capharnaüm (que j’adore soit dit en passant), je trouve que les techniques ressemblent à la magie de celui-ci. Ce style de pouvoir « mystique » libre peut facilement déséquilibrer le jeu. Mais j’estime ne pas avoir assez d’heures de pratique de l’Empire des Cerisiers pour dire si oui ou non il y a un déséquilibre. Et surtout, c’est un aspect optionnel du jeu. Néanmoins, les pouvoirs ont le mérite d’exister et, encore une fois, il y a des modèles de techniques, ce qui aidera les joueurs les moins aguerris à développer ou sélectionner les leurs.

Thèmes et Atmosphère : Poésie, Mystère et Tragédie
L’un des aspects les plus marquants de L’Empire des Cerisiers est son ambiance, qui mêle beauté poétique, mystère et parfois tragédie. Les récits explorent des thèmes liés à l’honneur, aux choix moraux, aux obligations familiales, mais aussi à la place des humains dans un univers peuplé de créatures divines et mystiques.
L’atmosphère est renforcée par les illustrations de son auteur Olivier Sanfilippo, qui s’inspirent des ukiyo-e (mouvement artistique japonais de l’époque d’Edo 1603-1868), les estampes japonaises traditionnelles, mais aussi de dessins rendus plus modernes par des ambiances colorées. Ces illustrations immergent les joueurs dans l’univers du jeu et reflètent ses nuances, des paysages sereins jusqu’aux créatures cauchemardesques.

Pourquoi Jouer à L’Empire des Cerisiers ?

L’Empire des Cerisiers est plus qu’un jeu de rôle, c’est une plongée dans un monde de mythes et de légendes, un voyage dans un Japon onirique qui résonne avec des thèmes universels. Il séduira les joueurs qui aiment les ambiances poétiques, les défis narratifs et la richesse de l’imaginaire japonais. J’ai pensé, entre autres, aux chefs-d’œuvre de Hayao Miyazaki lorsque j’ai parcouru le livre. Les tensions entre tradition et modernité m’ont fait penser, en particulier, à Princesse Mononoké, dont l’auteur cite le nom dans ses inspirations.


Ce que je trouve particulièrement intéressant dans ce jeu, c’est que nous ne sommes pas figés dans une vision occidentale du Japon, mais bien dans quelque chose de plus riche. D’où la difficulté, peut-être, de prise en main du titre au début de la lecture. Mais c’est un plaisir de casser nos stéréotypes faits de Samouraïs et Shinobis et d’entrer dans un monde aux coutumes et au folklore très riches.

J’ai souvenir d’ailleurs d’une anecdote racontée par l’auteur au sujet des estampes japonaises qu’il fait où l’on pouvait voir des pics de montagnes pris dans la brume, et dont les lecteurs associaient l’esthétique à des œuvres chinoises. En fait, le Japon possède lui aussi ce genre de territoire, et il est intéressant de voir comment, encore une fois, nos préjugés se superposent à la réalité.

L’empire des Cerisiers c’est donc un cadre d’aventure riche. Libre à vous par la suite d’en faire une épopée fantastique, ou un univers de guerre, une série d’espionnage ou de politique. Un pèlerinage mystique ou un jeu de duel et d’honneur. L’univers vous le permet. A vous de jouer !

C’est un jeu idéal pour ceux qui cherchent :

  • Une expérience narrative forte, avec un accent sur les émotions, l’honneur, et les dilemmes moraux. (À mon sens, bien plus intéressant que les jets de dés. Après tout, que choisiront les joueurs entre sauver une petite fille innocente ou un esprit de la nature millénaire ? Ici, seul leur choix compte, et peu importe leur niveau de compétence. Difficile, hein ?)
  • Un univers visuellement riche et immersif, grâce à ses illustrations et ses inspirations artistiques. (Même le format du livre nous transporte dans une expérience unique).
  • Un système de jeu simple et fluide, qui favorise l’improvisation et laisse place à des récits épiques. (Ici les optimisateurs peuvent s’amuser, mais en définitif la narration me semble le plus important).

Conclusion

Avec L’Empire des Cerisiers, Olivier Sanfilippo et Arkham Asylum ont créé un jeu à la fois beau, accessible et riche en possibilités narratives. Ce jeu vous permet de vivre des aventures qui, comme les haïkus, sont à la fois brèves, poétiques et profondes, dans un monde où chaque personnage joue son propre rôle dans le cycle infini des cerisiers en fleurs. Un chef-d’œuvre pour les amoureux du Japon et du fantastique ! Un chef-d’œuvre qui est nourri continuellement de nouveaux ouvrages venant étoffer l’histoire de ce monde fantastique.

D’ailleurs, la sortie de notre article, ce jour, n’est pas due au hasard. En effet, la nouvelle extension sort le 24 janvier : au cœur des Forges Sacrées. Ici, il sera question de l’origine des armures sacrées ! Un aspect emblématique de l’Empire des cerisiers. Ces armures géantes, pouvant atteindre jusqu’à 6 mètres de haut, sont portées par l’élite de l’élite des samouraïs. Elles sont des prouesses de technologie alliées à de puissants rituels mystique. Dans cet ouvrage, vous allez découvrir leur fabrication et leur provenance et bien d’autres secrets.

Si vous voulez échanger sur le jeu, n’hésitez pas à nous écrire ici !

 

À bientôt,

 

Yue

LA GAMME :

L’empire des Cerisiers : Le livre de base.

Ecran de Jeu : L’écran du meneur de jeu et 12 cartes au format A3 de lieux importants de l’univers et 2 cartes au format A2 de l’empire des Cerisiers et de sa capitale Sakura-Kyo.

Sur les Chemins de l’Empire [Teikoku He No Michi] : Cartes, lieux et accroches de scénarios.

La légende des Cerisiers [Sakura No Densestu] : Recueil de 6 scénarios.

Yami Monogatari – Le Dit des Ténèbres : Secret du monde des morts.

Contes Anciens des Yokai [Yokai Mukashi Banashi] : Les secrets des Yokai et la possibiliter de les incarner.

Quand murmurent les cerisiers [Sakura ga sasayaku toki] : 4 nouveaux scénarios

Les Chroniques de Sakurajin : Les secrets de la noblesse

Au Cœur des Forges Sacrées (disponible en précommande ou à  partir du 24 Janvier 2025) : Des amures sacrées et les haniwa animés.

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