[spacer color=”264C84″ icon=”Select a Icon”]Titre : Breaking Bad Le Jeu de Plateau
Genre : Bah jeu de plateau
Auteurs : Antoine Morfan, Thomas Rofidal
Éditeur : Edge[spacer color=”264C84″ icon=”Select a Icon”]
Adapter un film ou une série connue en jeu de plateau, voilà toujours un pari risqué. Dans le domaine des jeux vidéos en particulier, nombreux sont les ratages et les déceptions. Les fans de la fiction connaissent l’univers et veulent y retrouver une certaine ambiance, des références nombreuses, mais aussi et surtout, de quoi faire un jeu intéressant. En cela, l’adaptation de Breaking Bad en jeu de plateau s’en sort plutôt pas mal.
Session de rattrapage
Garanti sans OGM ni spoiler.
Pour ceux qui ne connaissent toujours pas cette excellentissime série (qui est dans mon Top 3 personnel ainsi que dans à peu près tous les tops des sites spécialisés) Breaking Bad retrace l’histoire de Walter White, un tranquille professeur de chimie surdoué, qui se retrouve atteint d’un cancer des poumons et auquel il ne reste plus que quelques mois à vivre. Celui-ci décide alors de se lancer dans la fabrication et la vente de méthamphétamine (la meth). Ses talents de chimiste vont vite être remarqués et il va alors découvrir petit à petit le monde des cartels et des gros dealers. Les points forts de cette série sont nombreux : un humour sérieux qui ressort de situations dramatiques, des personnages inoubliables (Hank, Tuco, Gus, Saul…) qui vont chacun évoluer (en particulier, Walter White qui va commencer à se laisser griser par sa nouvelle vie de caïd), une écriture jamais forcée, des scènes d’anthologie et une fin magistrale après 5 saisons sans temps mort. Bref, autant dire que la barre est placée très très haute pour une adaptation ludique.
Les (breaking) bases
Breaking Bad se joue de 3 à 8 joueurs. Reprenant l’univers de la série, il propose 4 factions possibles, à savoir 3 factions de criminels et 1 une faction DEA (les Stups). Chaque faction propose 2 personnages différents aux caractéristiques propres. Chaque partie doit rassembler au moins 1 flic et 2 factions criminelles différentes. Le jeu est donc complètement asymétrique.
L’objectif des voyous va être d’arriver à écouler suffisamment de meth, ici représentée par de véritables répliques de cristaux très sympas à manipuler, ou bien d’être le dernier joueur en jeu. L’objectif de la DEA va être de coffrer tout ce beau monde, ou bien de confisquer tous les labos des trafiquants, ou bien encore d’être le dernier en jeu. Car oui, vous l’aurez compris, dans ce jeu, on peut être éliminé.
Chaque joueur démarre donc avec sa fiche de personnage qui regroupe ses points de vie et la meth qu’il a sur lui. Chacun va piocher des cartes dans une pioche propre à sa faction, et on ressent vraiment là le côté asymétrique du jeu : Le cartel des mexicains est plus axé sur la violence tandis que la faction de Walter White pourra confectionner du poison, ou être plus régulièrement en contact avec un avocat. La DEA, elle, a même un système de cartes complètement différent des autres puisque ses objectifs et ses moyens sont, bien évidemment, différents.
“Now, say my name !”
A son tour, un joueur va pouvoir faire 2 actions au choix. Si on joue un criminel, on peut produire de la meth, la vendre, placer des chimistes dans des labos, tirer une carte, jouer une carte, engager une fusillade, utiliser le pouvoir de son personnage etc etc… Les choix sont nombreux et dépendent en partie des cartes. Certaines de ces actions sont sans danger, alors que d’autres sont considérées comme des infractions. Point de règle intéressant : A chaque criminel est associé un « niveau de danger » en fonction de la meth qu’il possède ou qu’il a vendu. Ce niveau augmente donc au fur et à mesure du jeu. Et certaines cartes, généralement les plus puissantes, ne peuvent être jouées qu’à partir d’un certain niveau de danger.
Du côté de la DEA, les options sont différentes, bien évidemment. Pas question de placer des chimistes ou de synthétiser de la meth, bien sûr, ou même de déclencher une fusillade. La DEA va devoir donc placer les criminels sous surveillance et, à la moindre action qui est une infraction, là, elle peut sortir les flingues et enclencher une fusillade visant à mettre en prison le fautif. De même, ses cartes les plus puissantes ne pourront être jouées que contre les criminels ayant atteint un certain niveau de danger. Ses pouvoirs peuvent sembler costauds, mais on joue contre tout le reste de la table. Et on n’a généralement pas assez de cartes pour embêter tout le monde en même temps !
Un jeu d’héros In ?
La case « Fan service » est cochée, et plutôt 2 fois qu’une : le matériel est globalement de très bonne qualité, et on sent que les éditeurs ont voulu faire plaisir aux fans : cristaux de meth plus vrais que nature (heu, enfin, on se comprend), photos issues de la série sur chaque carte, sur les fiches de personnages, boite magnifique… Bref, on plonge à fond dans l’univers de Breaking Bad, à tel point que je me suis relancé tous les épisodes (ainsi que ceux du spin off Better Call Saul)
Les mécaniques du jeu sont intéressantes et classiques, mais, et c’est là le point notable de ce jeu, on retrouve quelques éléments de jeu que l’on croyait disparus du monde ludique depuis une vingtaine d’années : Par exemple, on peut être éliminé pendant le jeu. Si cela était très courant dans les jeux plus anciens (Rencontre cosmique, Supergang, Les ailes de la gloire, Formule Dé…) ce concept avait été quasiment banni de toutes les grosses productions modernes à succès : impossible d’être éliminé à 7 wonders, Dominion, Smallworld, Quadropolis, Carcassonne, etc etc…. (oui, à part le Loup-garou, je sais bien, mais dans ce cas-là, c’est la base même du jeu). Bref, personnellement, cela ne m’a pas gêné de voir réapparaitre cet élément de gameplay, mais cela risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans le même genre d’idée, on peut également, sur une simple carte, perdre son tour de jeu. Ou bien si on se retrouve en prison, on doit piocher tour après tour jusqu’à trouver LA bonne carte de l’avocat. Un peu old school, mais allez, pourquoi pas ?
Toujours dans le même trip un peu désuet, on retrouve un léger défaut qui n’est pas non plus rédhibitoire : les factions peuvent sembler un peu déséquilibrées. Celle de Walter White nous a paru un petit cran au-dessus, mais cela ne nous a non plus paru excessif.
La rejouabilité est intéressante, due à l’asymétrie du jeu et aux différents pouvoirs et pioches des factions. On sent bien que les auteurs ont voulu personnaliser chaque faction à l’image de ce qu’on peut en voir dans la série.
L’ambiance qui ressort de Breaking bad est crapuleusement sympathique : on se fait des coups fourrés les uns contre les autres, on sort des arguments de mauvaise foi pour détourner les flics sur les concurrents, les criminels peuvent s’allier entre eux pour ensuite se trahir et on passe un bon moment.
Bref, Breaking Bad est un bon jeu, qu’on peut jouer même sans avoir vu la série, mais qu’on apprécie encore mieux si on la connait, en particulier pour certaines références de cartes. Son style de jeu un peu old school peut déconcerter, mais les parties sont plaisantes grâce à un matériel très sympa et une ambiance de voyous bien retranscrite.