En partant au festival des jeux à Cannes, j’avais en tête de jouer à des nouveaux jeux, rencontrer des auteurs, tester des jeux inédits, et passer de super bons moments. A l’heure où j’écris, bien après le festival car de toutes façons je suis incapable de faire les choses sur le moment, je peux cocher tout ça de ma liste. Les 3 jours et trois nuits du festival sont passées super vite, et je n’ai pas vu le temps passer.
Déjà, on arrive à Cannes le jeudi en fin d’après midi après 4 heures de route, un peu claqués mais déjà hypés. Le temps de garer la voiture sous le palais des festivals, de poser les affaires à l’hôtel qui nous servira de base d’opérations pour les jours suivants, et nous sommes déjà en route vers l’entrée afin de reconnaître les lieux pour le lendemain. On rentre au palais des festivals pour la remise des As d’or, en mode VIP car c’est une liste très restreinte qui a accès à l’événement. Et oui, chez gameovert.net, on représente le gratin de la société quand même, sauf Grobiduch évidemment qui représente les masses populaires, même si on peut plus le qualifier de masse que de populaire – mais déjà je digresse pardonnez-moi. On est assis au balcon, alors que la cérémonie commence. Les nominés sont, dans la catégorie enfants :
- L’âge de pierre Junior (une adaptation du jeu de société presque éponyme)
- Kikou le Coucou
- Animouv
Plus au sujet de ces différents jeux plus tard. Dans la catégorie des As d’or tout court, les nominés sont :
- Imagine
- Unlock!
- Codenames
- Kingdomino
Et enfin, dans la catégorie pour laquelle je suis venu tout particulièrement, celle des jeux pour les poilus du jeu de société, j’ai nommé l’As d’or expert, les nominés sont :
- Conan
- Scythe
- Star Realms
Très rapidement, les allocutions des auteurs/éditeurs de jeux s’enchaînent, avec des moments magique comme le discours en Japonais des auteurs d’Imagine, traduit en Français en simultanée, qui fait plaisir : Quatre auteurs sur les cinq sont venus du Japon pour le festival, dont un qui a passé deux jours en voyage à cause de problèmes divers. Ils sont super souriants, et donnent vraiment envie de jouer à leurs jeux. Marcus et Monsieur Phal, qui sont suffisamment connus pour que je n’ai pas à les présenter (ex game one et trictrac), animent la soirée et on se marre bien.
L’as d’or enfant est attribué à Kikou le Coucou, qui sera dévalisé les jours suivants sur le festival. On a quand même eu l’occasion de le tester, et on comprend pourquoi : Ce mélange de mikados classique et de jeu de placement avec une sorte de SOS ouistitis est très sympa, facile à mettre en place, à comprendre pour les plus jeunes, et on s’est bien marré pendant les dix minutes que la partie a pris. Un jeu idéal pour les enfants, vraiment, et jouable avec leurs parents. J’en voulais un pour mon fils mais quand je suis arrivé au stand sur le festival, pfuit! C’était déjà fini ! Ce n’est que partie remise… (<= Je me sens obligé de vous faire remarquer le jeu de mots ici tellement j’en suis fier)
L’As d’or est attribué à ma surprise à Unlock!, un prix auquel je ne m’attendais pas. Unlock!, donc, vous propose de faire une escape game chez vous, avec un mélange de cartes et l’utilisation d’une application smartphone. Je suis un peu réticent sur le principe d’être forcé d’utiliser son portable pour jouer à un jeu de société, mais bon, après test, je dois bien avouer que c’est prenant : Nous sommes “sortis” à moins de dix secondes de la fin, avec une bombe sur le point d’exploser. Le jeu propose trois scénarii différents, et il devrait d’après son auteur exister une possibilité d’en télécharger de nouveaux, sachant qu’ils vont en sortir une nouvelle boite puis une troisième peu après.
Toutes payantes en supplément bien sur, mais c’est vrai que ça coûte quand même moins cher que de faire une vraie escape game, et en soi même les énigmes sont tout aussi tordues. Comme dans une vraie escape game, on peut demander des indices avec l’application, qui n’enlèvent pas de temps, mais diminuent simplement l’évaluation reçue à la fin. Un jeu intéressant dans son concept, mais discutable dans le choix du jury : Après tout, il ne fait que transposer un concept déjà existant (l’escape game) pour en faire un jeu à durée de vie limitée. Très sympa, mais discutable.
L’As d’or, catégorie expert, est attribué à Scythe, et OH boy ! Il y en a à dire à son sujet. En arrivant, je pensais que Star Realms, un jeu dont nous avons déjà entendu parler ici, était en bonne position pour gagner l’as d’or, mais je m’étais trompé. Scythe a l’air d’une complexité impressionnante au premier abord, avec ses règles format dico écrit en petit, ses tonnes de jetons et de figurines, ses cartes en pagaille, le tout en vrac dans une boîte taille carton de déménagement. Et puis, une fois la lecture des règles passée, et les premiers tours de jeu, on se laisse emporter par les illustrations magnifiques, les tours s’enchaînent et les actions aussi. Au final, une bonne lecture des règles avec une première partie, et le jeu est maîtrisé dans son déroulement.
En maîtriser les arcanes est bien plus compliqué, car il y a beaucoup à essayer et imaginer, mais sur le principe, c’est énorme de voir toutes ces règles et ces figurines, pions, et jetons, se résumer à quelques étapes dans un tour de jeu qui va durer à peine quelques secondes, avec la majeure partie des réflexions durant le tour des autres. Un tour de force de rendre tout cela facile, bien que peu rapide. (Le jeu prend bien ses 2h de partie quoi qu’en dise la boite) On sent que les types qui ont créé le jeu étaient vraiment enthousiastes pour leur projet, et qu’ils ont pensé et repensé chaque aspect de celui-ci pour en faire un diamant poli.
Les débats ont dû donc être serrés dans le jury, mais honnêtement à part l’as d’or que je trouvais plus mérité par Imagine par exemple que par Unlock! je trouve que les deux autres sont tombés très bien. Ça n’a pas dû être facile de choisir de toutes façons. En sortant de la remise, en croyant entrer aux soirées du off, on s’est fait refouler dans ce qu’on a pensé depuis être le cocktail organisé par Iello auquel nous n’étions pas invités. Du coup, un peu déçus, on est rentrés à l’hôtel, alors que la soirée se passait au dessus et était libre d’entrée ! Cela dit on a mangé une super pizza en face de l’hôtel, et comme on était déjà bien attaqués par le voyage, on a simplement préparé la chasse au trésor du lendemain en optimisant nos itinéraires dans le festival, pris des notes sur les différents parcours, et choisi de faire les deux du milieu, croyant que le plus difficile serait hors de notre portée. On aurait dû le tenter d’entrée de jeu aussi mais bon, tout le monde peut se tromper.
Le premier jour du festival proprement dit, on fait nos deux parcours de chasse au trésor bien rapidement, en une heure environ, et on va réclamer notre butin près du bateau pirate. On repart avec deux petits jeux chacun, un pour chaque parcours. On fait du coup aussi le tour de tous les stands où on a des trucs à gagner, et mine de rien, ça en fait des jeux et des trucs et des machins ! Peu après on a aussi pu en profiter pour tester Conan, très bon jeu, qui sur le principe m’a bien rappelé le jeu de rôle éponyme, avec un système de jeu finalement très simple et bien pensé, de très jolies figurines qui hurlent pour être peintes tellement elles sont riches de détails.
On pourrait dire que le jeu est jetable, puisqu’il y a un nombre limité de scénarii à jouer avec, mais ceux-ci peuvent être adaptés, modulés, et de toutes façons dépendent de l’overlord (maître du jeu) qui les fait jouer : À chaque partie, notre place peut changer, de simple joueur qui prendra le rôle de Conan ou de l’un de ses compagnons, on pourra devenir le méchant de l’histoire contrôlant les créatures atroces qui se jetteront à la gorge des héros. Donc très rejouable de ce point de vue. J’ai pu jouer Conan, donc sur le principe, c’est cool déjà, et on a gagné, encore plus cool !
On a passé le reste de la journée à regarder les différents stands, on a pu voir que les tables de yamatai avaient en moyenne 3 heures d’attente, tester Kikou le coucou avec lequel on s’est bien marré, et finir sur des parties de Star Realms que j’ai fait découvrir à mon compagnon de festival. Résultat, il se l’achète. On sort à 21h du palais des festivals, pour se prendre des sandwichs fait maison, et revenir pour 22h et la soirée du off, sans se tromper d’étage cette fois.
Ce soir on ne teste qu’un jeu, qui durera un bon moment mais très sympa, Ha’gartha, un jeu dans lequel on représente l’une des quatre factions d’un monde fantastique arrivant dans une cité légendaire, et qui doivent en plus de s’affronter les uns les autres, la protéger contre les humains qui l’assaillent à chaque tour en nombre croissant. Il faut coopérer, car les attaques peuvent être dévastatrices, mais à la fin seule une faction pourra prétendre au contrôle de la ville. Il y a des quêtes à accomplir, des événements, de l’exploration… On ne s’ennuie pas dans Ha’Garta ! Si les auteurs arrivent à transposer leur très joli plateau de jeu et leurs accessoires comme les jetons et les pièces qui sont magnifiques dans la version finale, on va avoir droit à une belle boite et un jeu magnifique. Pour en apprendre plus sur le jeu, je vous conseille leur page Facebook car ils en parleront mieux que moi. On comptait se coucher très tard mais finalement, on est rentrés à l’hôtel après ça pour travailler un peu aux énigmes de la chasse au trésor qui nous travaillaient, et puis, on était assez fatigués quoi qu’il arrive.
A l’ouverture du festival le lendemain, on teste Unlock! puis en se promenant dans le festival, je tombe sur un stand chatoyant qui attire mon regard de joueur de War Thunder : Apparemment, des gens biens ont décidé de créer un jeu de “simulation” de chars de la seconde guerre mondiale. On passe donc les 40 minutes suivantes à revivre le carrefour d’Ernst Barkman, un combat où l’as Allemand détruisit neuf sherman avant d’être délogé par le soutien aérien des alliés.
Pour des besoins d’équilibrage, le jeu n’étant pas si réaliste que ça, il n’y a que deux Sherman face au Panther. Je m’assois côté Panther le sourire aux lèvres et m’éclate comme un gosse à mettre en pratique mes tactiques de vétéran : Mon adversaire, qui n’a jamais joué à un jeu de char, se prête au jeu et perd avec le sourire, devant ma joie indéfectible. On sent que le jeu est fait par des passionnés, car les modèles réduits sont magnifiques et fourmillent de détails. Je repars avec une tonne de boite, et à l’heure ou j’écris je me suis déjà coupé deux fois en construisant les maquettes. (Oui je suis peu manuel)
On passe devant le stand de Yamatai, où il y a trois heures d’attente pour faire une partie, et on se dit qu’on ira demain à la première heure pour être sûrs de pouvoir y jouer. On se fait dédicacer des jeux par les auteurs qui sont super accessibles et sympas, et on fait quelques rencontres intéressantes encore. Je craque sur les Ombres d’Esteren, un jeu de rôle gothique aux illustrations magnifiques et à l’univers angoissant à souhait.
Sorti en 2010, le jeu propose de vivre des aventures dans un univers médiéval à peine fantastique, teinté d’horreur et de mystère, dans des tons résolument celtiques. Une dédicace de plus ! Je sais pas quand j’y ferai jouer mais bon, l’idée est au moins là. Au moins je ne regretterais pas de ne pas l’avoir acheté ! On teste encore Animouv également, très sympa avec ses petits animaux stylisés à aligner façon morpion, et la fin de la journée est déjà là, on en revient pas : C’est passé tellement vite !
Déjà la dernière soirée du off, et ce coup-ci on est décidés à en profiter :
On entame avec Chronistory, un jeu qui vous propose de voyager dans le temps à la recherche des pièces de votre machine à voyager dans le temps justement : Celles-ci manquantes vous empêchent de rentrer à votre époque. On voyage donc d’une ère à l’autre en cherchant à les rassembler, éparpillées à travers les âges. Un bon moyen de réviser son histoire ! L’ambiance est plutôt steampunk, et n’est pas sans rappeler H.G. Wells du coup. On s’imagine bien sillonner les époques en peignoir comme dans la machine à voyager dans le temps. Les événements s’enchaînent au gré des cartes que l’on tire, et l’on est ballottés dans le temps (ou supposés l’être en tous cas) en cherchant à rassembler les morceaux de sa machine.
Durant la partie nous avons pu sans trop d’anicroches rassembler nos pièces, et l’on est restés bloqués sur la dernière partie avec la gemme que peu de temps. Sur le moment je pensais à Timeline en voyant le plateau et ses événements, mais à l’heure actuelle le jeu ne vous demande pas de connaître l’histoire. Le concept est intéressant et l’auteure est encore en train de le développer. Vous pouvez en apprendre plus sur le jeu ici, à suivre !
Les deux jeux qu’on teste après celui-ci sont très bien également, Astra Nullius, un jeu qui se joue à la pichenette et dans lequel il s’agit de découvrir l’univers pour en exploiter les ressources, tout en faisant attention aux pirates. Personnellement je suis très mauvais en pichenettes, ma défaite écrasante est sans surprise. Et pour finir, Hubris, un jeu intéressant où il faut empêcher les Atlantes trop ambitieux d’atteindre l’Olympe, et submerger leur orgueilleuse cité. On joue des dieux, sur le principe ça ne peut pas être mauvais !
Et c’est déjà trois heures du matin, on rentre à l’hôtel pour être d’attaque à 10h pour le dernier jour.
On commence par finir les dernières chasses au trésor du festival, pour le principe, alors que des dizaines voire une bonne centaine de personnes font la queue pour retirer leurs lots près des pirates. Et tout de suite après, on va essayer de jouer à Yamatai. Il y a une heure de queue ce matin et toutes les tables sont prises de toutes façons, alors on se relaie pour tenir la file en attendant qu’une se libère. On va enfin pouvoir jouer au dernier né de Days of Wonders ! Ils ont fait Smallworld et les aventuriers du rail, c’est dire à quel point on s’attend à une révolution !
Après une heure et demi d’attente, on s’assoit à la table pour entamer une partie qui durera bien deux heures, et de laquelle on ressortira fatigués. Et plutôt déçus du coup. Du coup j’ai pas pris de photos. Le jeu est très joli graphiquement, bel univers visuel, mais c’est à peu près le seul point réellement positif qui en ressort. Il reprend plein d’idées de smallworld et des aventuriers du rail finalement, entre les petites “caravanes” de bateaux qui se suivent sur la carte, et les spécialistes dont le prix augmente à chaque tour si on ne les achète pas. Et au final, on se rend compte que le jeu est un peu compliqué pour pas grand chose, il y a beaucoup d’actions à effectuer à chaque tour, aucune interaction entre les joueurs, on se croirait dans un jeu Allemand.
Ça peut donc plaire au public qui aura aimé Descendances par exemple, mais pour d’autres qui aiment les jeux plus vifs, dur ! Faire passer Scythe pour un jeu simple et dynamique c’est quand même pas facile, et honnêtement, Yamatai y réussit : Il n’y a pas de combats, pas de politique, pas de commerce, on ne fait que bâtir grosso modo à chaque tour, et c’est très, très monotone. Donc pas du tout mon style mais comme je le disais, ce genre de jeu existe déjà et a un public. Trollinet par exemple a surement déjà dû l’acheter.
On fait une petite partie de Bang ! Le jeu de dés, pour le plaisir, avec une belle victoire des hors la loi. Par rapport au jeu de cartes, honnêtement, ça n’a rien à voir, j’aime beaucoup le jeu de cartes mais j’ai du mal à me faire au jeu de dés. En effet, les pouvoirs des personnages sont anecdotiques, et comme le principe est un jeu de dés, et bien, le résultat est complètement aléatoire et la tactique absente. Le jeu de dés est bien plus un jeu d’ambiance que le jeu de cartes, plus rapide et plus fun, ce qui fait qu’en ça il n’est au moins pas raté.
Après ces journées bien remplies, il ne reste qu’à reprendre la route après un mcdo vers 15h, peut être le jour où on aura mangé le plus tôt. On quitte le festival épuisés mais ravis, avec une seule idée en tête : Y retourner l’année prochaine !
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