Un rôliste, ça a une âme d’aventurier, d’explorateur! Un fond d’intrépidité qui nous fait dire que rien ne nous fait peur … tant qu’on peut manger des chips en même temps.
Aussi, quand on m’a parlé d’un potentiel maître de jeu italien qui, expatrié avec sa femme, rôliste également, avait très envie de trouver/créer une table dans le coin pour pouvoir faire du jeu de rôle en anglais parce qu’il ne parle pas français, j’ai pas eu besoin de lancer un dé pour prendre une décision, j’ai juste demandé quand ! Intrépide, je vous dis ! D’autant que ce n’est pas comme si mon anglais était … enfin, comment dire … je me débrouille quoi, mais sans plus.
Après, j’ai réfléchi : même en mangeant des chips, jouer en anglais, c’était un sacré défi ! Mais bon, trop tard, la machine était lancée. D’ailleurs, comme ça s’est passé ce samedi, je vais pouvoir vous raconter mon expérience rôliste en mode international.
En toute franchise, je dois dire que ce type d’expérience, je le souhaite à tous les rôlistes !
Tout a commencé avec un mail …
Il faut savoir qu’au moment où a été décidé l’idée de se lancer “pour de vrai” dans cette étrange histoire, je n’avais jamais eu l’honneur de rencontrer notre futur “Dungeon Master” aussi, ce mail reçu un jour a été mon premier contact. Un premier contact qui m’a mise dans le bain assez rapidement. D’abord, parce qu’il était en anglais mais surtout parce qu’en le lisant, je me suis dit que notre DM ne faisait pas les choses à moitié.
En effet, il avait trouvé un moyen de détourner cette histoire de pluralité du langage : il nous proposait un jeu où nos personnages, parlant initialement le français, seraient amenés à voyager sur un continent dont la langue officielle serait l’anglais, langue que nous serions obligé de parlé pour être compris de ses habitants (et du DM, forcément) et donc pour pouvoir avancer dans le jeu.
Une subtilité appréciable impliquant que nos personnages pourraient parler français entre eux, mais aussi qu’ils auraient, d’une certaine manière, la même compétence en anglais que nous.
Concrètement, pendant le jeu, ça a permis de dédramatiser le fait de parfois hésiter sur un mot, sur une tournure ou autre. Cela ne ralentissait pas le jeu, cela en était partie intégrante.
En outre, les bases de scénarios posées par le DM m’étaient familières, un voyage dans un univers médiéval-fantastique, mais intrigantes puisque cet univers n’était pas délimité ou clairement établi par une licence ou un titre de jeu en particulier.
Puis vinrent les personnages …
Dans ce même premier mail, il nous était demandé de choisir notre personnage, avec une grande liberté de choix et des règles simples : une race, une classe, quelques stats (des points pour la force, intelligence, dexterité, le charisme, etc … des classiques), un nom et une petite biographie.
Simple, non ?
Vous vous souvenez que mon DM ne parle pas français, hein? Qu’il faut faire tout ça en anglais? Parce que sur le principe, oui, c’est facile. Dans les faits, merci les dictionnaires !
Cependant, ce n’était pas insurmontable, j’ai même eu l’impression de pas être si mauvaise que ça en anglais.
J’ai donc proposé un personnage confortable, qui me poserait peu de difficultés à interpréter, une elfe nommée Daerdedween, partant du principe que le jeu présenterait suffisamment de challenge pour ne pas avoir à en ajouter en choisissant un personnage trop original.
Et je dois dire que c’est quand même toujours particulier de livrer à un “inconnu” un personnage dans lequel on met nécessairement un peu d’affect, un peu de nous. Enfin, moi je trouve … Bref, quelques mails plus tard, j’ai reçu une fiche de personnage, la date étaient fixée … je n’avais plus qu’à bosser mon anglais. Parce que, j’ai beau lire et regarder des séries en anglais, il y a des mots qui ne font pas partie de mon vocabulaire courant. Et je crois même que c’est presque normal.
Et enfin, la partie ! ZE Game !
Rendez-vous était donné à 17 heure ce samedi et tout le monde était presque à l’heure. Bon, le DM est arrivé le dernier. Mais, c’est le DM, alors on peut rien dire ! Et je crois qu’on avait tous hâte de se lancer parce qu’on s’est rapidement installé autour de la table. Chacun a sorti ses dés, son smartphone ou sa tablette, les pistaches … Il y avait un peu de fébrilité dans l’air !
Pour vous représenter la situation, cette tablée était composé de 6 personnes. Le DM et sa femme, italiens rencontrés pour ma part “en vrai” la semaine précédente; un couple d’amis, français avec qui nous avions déjà fait quelques parties de JDR et jeux de plateaux ainsi que Monsieur et moi. Non que je souhaite particulièrement parler de notre vie mais il est a noté que ce rassemblement était assez particulier puisque certains se rencontraient pour la première fois tandis que d’autres se côtoient au quotidien et tous, petits français que nous sommes, jouions pour la première fois sous l’égide de notre DM italien, habitué à partager ce loisir avec son épouse.
Voilà, les présentations sont faites, retournons au jeu !
Notre DM a engagé la partie par un geste surprenant mais ô combien appréciable et dont chaque rôliste appréciera la juste valeur : il a offert à chacun d’entre nous un set de dé. Honnêtement, des dés et des chips ! What else ?
Ah, si ! Une histoire !
Ben oui, le DM, c’est un peu “père Castor” en début de partie : on s’assoit autour de lui et on l’écoute attentivement nous raconter une histoire.
Ici, le DM nous a mis dans un bateau et … vogue la galère !
Je ne vous en dirais pas plus des péripéties de l’elfe Daerdedween (j’ai été rassurée de voir que c’était imprononçable quelle que soit la langue qu’on parle), de la guerrière Ondine, du magicien Thalos, de l’invocateur Morgoth, de la fée Nuage ou du gnome Ganam. Peut-être une autre fois !
Tout ce que je peux vous dire, c’est que les 6 heures suivantes sont passées à une vitesse folle et que je me suis vraiment bien amusée !
Oui, on s’est planté sur des mots, on a massacré cette pauvre grammaire anglaise, la guilde des aventuriers est devenu un club, l’invocateur a fait épeler tous les noms des personnages qui nous avons croisé mais … franchement, on s’est bien marré !
Dans le feu de l’action, je pense qu’on a tous fait avec les moyens du bord, oubliant un peu nos lacunes ou nos faiblesses pour se laisser porter par le jeu.
Pour ma part, lorsque le DM a arrêté l’histoire, j’ai eu cette même impression que lorsque je termine un roman et que je sais que la suite va bientôt sortir. Je veux savoir ce qui se passe ensuite ! Je veux savoir ce qui va arriver à mon elfe … je veux en savoir plus sur mes compagnons d’aventure ! Je veux une suite, tout simplement ! Même si je sais que la suite se construit grâce à moi …
Et vous savez quoi ? Je crois que je ne suis pas la seule parce qu’on remet ça la semaine prochaine !
Voilà, c’est ce que j’aime dans le jeu de rôle. C’est un jeu et c’est bien plus. C’est fédérateur, au-delà des questions de langue ou de pratique, c’est de la convivialité, du partage et des chips …
Des bons moments avec des gens sympas, c’est ce que je souhaite à chacun d’entre vous !
Sur ce, je vais aller potasser mon dico d’anglais.